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Lannée
2006 semble appartenir à Jamey Jasta. En effet, ce nouvel opus
dHatebreed fait suite au succulent « Violent Epiphany »,
premier uppercut du side-project Icepick concocté avec lami
Danny Diablo, mais précède également une 3ème
offrande qui viendra compléter le tiercé dici quelques
mois, avec le premier album de Kingdom Of Sorrow, sur lequel Jasta est
accompagné pour loccasion par Kirk Windstein (Crowbar,
Down...), nous aurons très certainement le loisir de vous en
reparler en temps voulu... Et tout ceci, sans oublier les autres activités
du garçon qui en plus de ces 3 groupes, cumule aussi les casquettes
avec celles de présentateur pour Headbangers Ball, Label
manager (Stillborn), Producteur, Jasta possède aussi sa marque
de fringue (Hatewear), sans oublier son webzine (http://www.jameyjasta.com)...
Bref il a de quoi soccuper le bougre ! Mais il est désormais
lheure pour nous de nous attarder sur le plus gros pavé
des 3 sorties musicales. Et bah oui, « le plus gros pavé »,
car ici il nest nul question de projet parallèle, Jamey
et ses sbires font quand même parler la poudre depuis une décennie
avec Hatebreed, 10 années lors desquelles, avec seulement 3 albums,
ils ont su imposer leur groupe comme LA valeur incontournable Hardcore/Metal,
en ayant même dépassé leurs maîtres (Madball,
Agnostic Front...) en terme de notoriété. Rares sont les
groupes à pouvoir se targuer de cela sans pour autant sêtre
fourré les « bonnes » bites dans la bouche.
Après un « Satisfaction Is The Death Of Desire »
(1997) qui avait mi tout le monde daccord, le groupe nous a ensuite
offert « Perseverance » (2002), un album beaucoup
plus metal, avec des titres fantastiques comme « Proven »,
« Youre Never Alone » ou le « hit »
« I Will Be Heard », mais qui na pourtant
pas fait lunanimité auprès de tous, beaucoup prétextant
un album et des compos trop longues dû au « syndrome
Major » (Laissez moi rigoler... !). Est ensuite venu
« The Rise Of Brutality » (2003), un album curieux
selon moi, qui ne révèle pas forcément de réelles
évolutions face à son prédécesseur mais
qui, si on y jette une oreille attentive, laisse entrevoir des compos
absolument énormes. Aujourdhui, avec « Supremacy »,
nouvel album au nom un peu présomptueux aux premiers abords,
voici loccasion de faire une mise au point sur la situation dHatebreed,
redevenu hydre à 5 têtes avec lintégration
de Franck « 3 Gun » Novinec, précédemment
guitariste chez Terror, Ringworm, ou encore Integrity...
Concernant lartwork, celui de « Supremacy »
montre déjà une nette progression, on ne peut pas vraiment
dire quHatebreed nous ait gâté de ce côté
là par le passé... Cette mission là nétait
donc pas très complexe. Mais lévolution la plus
flagrante et la plus intéressante est à venir. A peine
le cd enfourné dans la platine, il ne peut y avoir erreur sur
lidentité du groupe certes, mais il y a quelque chose de
différent, voir de nouveau. Avec mon ami O.S, lorsque nous avons
écouté le titre « To The Threshold »
il y a quelques mois sur la page Myspace du groupe, on en était
tous les deux arrivé à la conclusion, et sans se consulter,
quHatebreed semblait essayé de faire du Born From Pain,
cest rigolo ça non ? Mais avec lintégralité
de lalbum dans les esgourdes, il est clair quHatebreed fait
du Hatebreed, mais nous propose avec « Supremacy »
un album plus... varié. Cela peut vous paraître curieux
vu le style pratiqué, mais cest le sentiment que jai
à son écoute. Tout semble beaucoup plus maîtrisé,
une basse très présente, une batterie qui semble plus
riche et plus étoffée, des riffs de guitares pourtant
classiques et peu subtiles mais redoutables à souhait. Cependant,
là où le groupe nous surprend le plus concerne ce diable
de Jamey. Dans diverses chroniques que jai pu faire par le passé
(Icepick), je lui reprochais le fait de chanter de manière similaire
et peu importe ce quil faisait, que se soit avec Icepick ou lors
de ses diverses apparitions en tant que guest. Ici, avec son propre
groupe, avec lequel il a tout de même créé son identité,
Jasta semble avoir mûri et nous propose une plus large palette
de chant. Alors nallez pas vous imaginez lentendre chanter
à la « Still Loving You », Hatebreed nest
pas un groupe à minettes et ne le sera sûrement jamais,
mais il a réussi le parie de moduler sa voix tout en restant
très agressif, parfois un peu à la manière dun
Max Cavalera (« Destroy Everything », « Divine
Judgement »). Un vrai régal !
Il nest à nen pas douter que toutes les activités
cumulées par le gaillard ont leurs parts de responsabilités
dans cette évolution, et cest tant mieux, cest ainsi
quHatebreed pourra devenir encore plus énorme sans pour
autant se compromettre.
« Supremacy » est donc le résumé
de 13 coups de tronche à la fois surprenants, efficaces, redoutables,
sauvages, violents, ... et surtout réfléchis. Si aux premiers
abords les messages divulgués dans les textes sont clairs (« Destroy
Everything », « Mind Over All »), il
faut en fait regarder un petit peu plus loin que le bout son... nez.
Ceci est comme souvent, à prendre au second degré (tout
comme le nom de lalbum dailleurs), donc messieurs les bufs,
restez tranquillement devant le « Maillon Faible »
plutôt que de partir tout péter ! Jasta nest
pas un donneur de leçon, il fait ici un constat des dernières
années de sa vie, des moments plus ou moins délicats quil
a traversé. Chacun dentre nous peut cependant sy
retrouver, et cest selon moi le signe davoir de bons textes.
Il ne manquait plus à la ptite troupe de nous pondre tout ça
avec un son qui défouraille sec, et le moins que lon puisse
dire est que cest chose faite, puisque comme à son habitude,
cest lincontournable M.Zeuss qui sest chargé
de la prod et du mix. Rien de tel pour apprécier un disque du
genre...
Je parle, je parle mais il serait temps de conclure quand même,
et les conclusions peuvent-elles aussi être nombreuses.
Dun point de vu personnel, je pense quil y a quelques années,
la situation était claire, ou pas dailleurs... Soit les
fans de metal et de Slayer plus particulièrement, se dirigeaient
vers quelques choses de plus brutal et rejoignaient le clan des chevelus
deatheux, soit ils se ralliaient à la cause hardcore en y incluant
du bon gros metal. Moi jai choisi mon camp et Hatebreed ne me
le fait pas regretter. « Supremacy » semble être
lalbum de la consécration et assoit plus que jamais Hatebreed
sur son trône. Un album majeur, qui devrait réunir les
fans de la première heure à sa cause.
Kronik
Manu
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