Avec
"See You On The Other Side" sorti il y a à peine 18
mois, on avait ce vilain sentiment que Korn s'engouffrait dans un monde
qui n'était pas vraiment le sien. Et ce n'est pas avec ce nouvel
opus éponyme que nous allons être rassurés, loin
s'en faut.
Bien qu'il y ait des titres valant quand même l'écoute
("Starting Over") qui rappel plus ou moins le Korn d'antan,
la plupart de ces nouveaux morceaux lorgnent vers un autre monde et
se dévoilent en fait, peu inspirés ("Bitch We Got
A Problem"), ou alors inspirés, mais dans le mauvais sens
du terme. En effet, certains titres comprennent des refrains qui tentent
d'être accrocheurs mais qui ne parviennent justement pas à
accrocher, à cause d'une trop grande facilité et d'une
mielleusité destructrice ("Evolution"). On ne peut
pas enlever à la troupe de Jonathan Davis de vouloir aller de
l'avant, et de concocter des titres bien foutus, avec des influences
new wave ou indus bien plus présentes que par le passé,
mais il est tout de même difficile d'y trouver un intérêt
notoire. Ca sent malheureusement le manque d'inspiration certains, tant
au niveau des guitares, que dans le chant de l'ami Jon qui a, je pense,
les capacités d'évoluer de manière plus significative,
mais reste cantonné à ce qu'il fait depuis plusieurs albums
maintenant, sans pour autant avoir cette hargne, cette brutalité
et cette émotion qui émanaient des 2 premières
galettes. "Do What I Say", "Love And Luxury" ou
"Ever Be", pour ne citer qu'eux, illustreront à merveille
mes propos de cette insipidité inhérente à l'ensemble
du disque.
Contrairement à son éternel dauphin, Deftones, qui a lui
réussi le pari d'aller de l'avant et ce, de manière magistrale
dans un tout autre domaine par rapport à ses premières
livraisons, Korn est quand à lui, un groupe qui n'aurait peut-être
jamais dû essayer d'évoluer au cours de sa carrière,
et aurait peut-être dû se contenter de faire ce qu'il sait
faire de mieux (cf. les 2 premiers LP). Autre domaine où l'on
sent également ce manque d'inspiration total de la part du quintet
(ou du trio, je ne sais plus trop ce qu'est Korn en réalité)
est l'exercice de la cover, pour lequel le groupe est, soyons honnête,
mauvais. Je pense notamment à celle du "Creep" de Radiohead
présente sur l'Unplugged paru il y a quelques mois, ou au "One"
de Metallica interprété lors des MTV Icons lors duquel
le groupe s'était prit une monumentale tarte par les Limp Bizkit
et autre Sum 41 qui avaient su remanier les titres des 4 Horsemen, à
leur propre sauce, tout en conservant l'esprit originel, alors que Korn
se fendait quand à lui, d'une simple reprise, pas trop mal interprétée,
mais sans intérêt, voir un peu chiante. Il ne reste plus
qu'à voir le groupe sur scène afin de constater (ou non),
s'ils retrouvent leurs lettres de noblesse, mais faute de vol à
l'étalage lors de notre festival national le plus important l'été
dernier, il faudra remettre ça à plus tard (ou pas). Je
vais donc me montrer grand et leur laisser le bénéfice
du doute
Au final, le constat est sans appel, cet album éponyme est fortement
dispensable pour les non-fans, mais nulles doutes qu'il se montrera
indispensable pour les fans faisant preuve d'un manque d'objectivité
certains et qui iraient même, j'en suis certains, jusqu'à
dire qu'un album d'Emile & Image estampillé "Korn"
serait une vraie merveille.
Kronik
Manu
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