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Plus
tôt dans l'année, j'avais terminé la chronique de
"The Song Remains Insane", la déception DVDienne de
Soulfly par ces mots : "je suis de tout cur avec Max pour
qu'il nous ponde un pur voir excellent 5e album sinon.... ".
Sinon quoi ? Et bien ce n'est pas aujourd'hui que l'on va le savoir
car le sieur Cavalera s'est fendu en quatre pour ce très surprenant
nouvel opus 5ème du nom! Pour ma part, j'ai toujours aimé
Soulfly, n'en déplaise à certains, mais il est vrai que
l'on sentait parfois le bonhomme un peu essoufflé. C'était
donc avec quelques craintes que l'on apprenait la sortie d'un nouvel
album un an et demi à peine après "Prophecy".
Le bien nommé "Dark Ages" se positionne donc en marge
des 4 précédents, dans l'ensemble beaucoup plus sombre,
très certainement un constat amer de l'état d'esprit de
Max durant sa composition, et dont les morts de Dimebag Darrell et de
Moses (le petit-fils de Gloria) ont certainement eu une incidence non
négligeable, tout comme l'univers dans lequel nous évoluons
actuellement. La cover est d'ailleurs une bonne illustration de cet
état d'esprit qui ne reflète pas le summum de la fête.
Ce très beau dessin du nom de "Apotheosis of War" est
d'ailleurs signé Michael R. Whelan qui était déjà
à l'origine des covers de quelques pièces maîtresses
de Sepultura : "Beneath The Remains", "Arise", "Chaos
A.D" et "Roots"... rien que ça ! On aura bien
évidement reconnu sa patte inimitable...
Vous l'aurez donc compris, musicalement "Dark Ages" se dirige
vers quelque chose de plus brutal et d'agressif, et de peut-être
moins tribal. On sent les parties tribales beaucoup plus mixées
avec le reste de la musique, ce qui aurait tendance à rapprocher
cet album, plus qu'aucun autre vers Sepultura, avec des riffs de trash
en veux-tu en voilà, des rythmiques plombées, et des parties
indus qui ne sont pas sans rappeler Nailbomb comme sur le très
mécanique "(The) March", et la fin de "Bleak"
avec ces cloches, enregistrées de l'intérieur de la basilique
Sainte-Sophie à Istanbul en Turquie. Les différents disques
de Soulfly avaient tous leur dose de titres rentre-dedans, on se souvient
particulièrement des désormais mythiques "Eye For
An Eye", "Bleed" , "Terrorist", "Jump
Da Fuck Up", "Seek N' Strike", "Downstroy",
"Prophecy", ou "Living Sacrifice" pour n'en citer
que quelques-uns... Sur "Dark Ages", le groupe nous en offre
beaucoup plus, et quels titres mes amis !!! "Babylon", "I
& I", "Bleak", "Fuel The Hate", "Carved
Inside"... Tous ces titres s'inscrivent parmi les meilleurs que
Soulfly nous ait proposés jusque là. La Tribe semble moins
se disperser que par le passé, et j'ai envie de crier haut et
fort, "Soulfly sonne aujourd'hui comme un vrai groupe!" Je
vois deux explications à cela.
D'une part, la stabilité du line-up, "Dark Ages" étant
le seul disque ayant le même line-up qu'un autre album, "Prophecy".
Deuxième explications, conséquence de la première,
Max semble enfin avoir laissé ses musiciens s'exprimer, et c'est
là que l'on se rend compte que le père Cavalera est aujourd'hui
épaulé par un guitariste ayant une forte personnalité.
Je ne dis pas que Mickey Doling, son prédécesseur était
un guignol, mais ce dernier semblait plus avoir un rôle d'exécutant
lambda qu'un vrai rôle de compositeur et d'interprète original
comme peut l'être Mark Rizzo, avec ses influences trash et hispaniques,
comme sur le titre "Soulfly V"... titre d'ailleurs très
différent des autres volets "Soulfly" mais qui se veut
magnifique ! Par ailleurs, pour information, sachez que certaines parties
de ce titre "Soulfly V", ont été enregistré
avec un certain Stefane Goldman (pas Jean Jacques hein !!), en France,
à Paris. Oui ! Max a eu la brillante idée d'enregistrer
certaines parties de l'album dans divers endroit du globe, je parlais
d'Istanbul, de Paris, mais il a aussi enregistré quelques petites
choses à Moscou, à Belgrade, et bien sûr chez lui
à Phnix.
La coutume chez Soulfly veut également l'apparition de nombreux
guests sur chacun des albums, et par conséquent, "Dark Ages"
ne déroge pas à cette règle, on en dénombre
cette fois-ci une petite dizaine, même s'ils sont dans l'ensemble
moins exposés médiatiquement, les plus connus étant
Coyote du groupe serbe Eyesburn sur le titre "Inner Spirit",
Billy Milano de S.O.D sur "Molotov" (via son combiné
de téléphone!!), l'ex-Megadeth Dave Ellefson sur "Riotstarter",
mais aussi (et malheureusement !) le beau-fils de Max, Ritchie Cavalera
sur le titre "Stay Strong", dont la superbe fin instrumentale
de ce même titre n'est pas sans rappeler le "Riders On The
Storm" des Doors.
Petite parenthèse qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe
mais qui mérite d'être ouverte : certains critiquent Max
depuis des années en prétextant que celui-ci n'est plus
motivé que par sa soif d'argent et de popularité. Moi
je vois un mec vraiment adorable, qui n'hésite pas à emmener
un groupe comme Eyesburn, serbe de surcroît, comme lors de la
tournée promo de "Prophecy", un groupe n'ayant aucune
notoriété et qui plus est dans un style musical totalement
différent. Rien que pour ça, Max mérite encore
plus de respect de notre part. Et respect également pour nous
offrir ce somptueux "Dark Ages", qui est selon moi le meilleur
album enregistré par Max Cavalera sous le nom Soulfly ! La comparaison
avec Sepultura semble évidente, les fans nostalgiques du grand
Sepultura ayant dénigrés la nouvelle carrière de
Max, trouveront très certainement leur compte dans cet album
même si cela reste quand même indéniablement du Soulfly
pur jus.
A presque 36 ans, Max prouve qu'il faudra encore compter sur lui pendant
quelque temps.
Pour
info, la version digipack est complétée par 3 titres bonus,
2 lives "Prophecy" et "Seek N' Strike", et un inédit
"Psalm-91", titre ambiant/electro fort reposant. Les paroles
de ce titre sont extraites du Psaume 91 (Psalm 91), qui est un écrit
d'inspiration juive non intégré à la bible hébraïque.
Le psaume 91 traite de la non-défaillance face aux tirs des terroristes.
Kronik
Manu
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