Death Before Dishonor Interview

Cette interview a été réalisée à Lyon le 03 décembre 2006.
Manu a rencontré Bryan (Chant) et Frankie (Basse). A noter la présence de White Trash Rob (Ramallah/Blood For Blood) qui prend part à la conversation.





Comment se passe cette tournée en compagnie de Ramallah ?

Bryan : C’est excellent ! Probablement l’une des meilleures tournées que nous ayons faites en Europe. On a tourné avec Agnostic Front et c’était une expérience d’apprentissage. Cette fois, les kids viennent voir les 2 groupes et tous les shows ont vraiment été bons, on est vraiment impressionné.

Ouais la dernière fois que l’on vous a vu c’était avec Agnostic Front il y a...

Bryan : ... il y a 2 ans. C’était l’une de nos première grosse tournée, une longue tournée. On était un plein apprentissage, maintenant on a tourné suffisamment pour faire face et ça se passe bien.

Ouais, cette tournée en compagnie d’Agnostic Front a été, je pense, très bonne pour vous. A la base ça devait être Terror qui était supposé la faire et on a entendu dire que ce n’était finalement pas eux et beaucoup ont été déçus. Mais une fois que vous êtes montés sur scène vous avez impressionné et gagné des fans...

Bryan : Ouais c’était très bon pour nous. Beaucoup ne nous connaissaient pas et nous découvraient. Beaucoup de gens ont pu nous voir et ont pu nous remarquer et voir ce que nous faisions, c’était vraiment bon pour nous.

Je crois savoir que sur cette nouvelle tournée vous avez fait quelques shows avec Terror et Hatebreed...

Bryan : Ouais, on a fait un show avec Hatebreed et un avec Terror à Paris, c’était un très bon concert. Le show avec Hatebreed a eu lieu à Anvers en Belgique, c’était un show phénoménal avec beaucoup de kids, c’était un show différent mais c’était excellent. C’était sympa de voir nos potes, les mecs d’Hatebreed et de Terror sont de bons potes, c’était très cool. C’est bon de voir les potes de la maison.

Tu pourrais nous en dire plus sur les origines du groupe pour ceux qui ne vous connaissent pas encore très bien ?

Bryan : Ouais, on a commencé en 2001. On était à l’époque tous dans des groupes locaux qui ont splittés. Mon batteur et moi étions dans le même groupe et on avait le besoin de faire un nouveau groupe, quelque chose de plus heavy, le truc que nous voulions vraiment faire. Il n’y avait pas beaucoup de groupes à l’époque à Boston. On a sorti une démo puis un disque sur Spook City Records, "True ‘Till Death". Tout cela était de l’apprentissage. Puis on a finalement signé sur Bridge 9 et on a sorti "Friends, Family, Forever" dont nous sommes très satisfaits. Voilà en gros un bref aperçu de l’histoire du groupe. Actuellement on vient juste de terminer l’enregistrement du nouvel album qui est supposé sortir en avril.

C’est donc votre 2nd tournée ici en Europe?

Bryan : La troisième. On a fait une plus petite tournée en tête d’affiche. Je crois qu’on a fait qu’un show en France... C’était un gros concert punk rock, c’était bizarre. C’était à Montpelier. Donc ouais on est revenu en avril dernier pour cette tournée, celle-ci est donc la 3ème en Europe.

Troisième tournée pour "Friends, Family, Forever" dont vous venez juste de sortir une réédition...

Bryan : Ouais ! Lors de la tournée avec Agnostic les gens nous découvraient et nous avons senti le besoin de pousser le marcher européen afin que les gens nous connaissent. On a fait un split avec un groupe allemand qui s’appelle Black Friday 29, de plus nous avions de nouveaux membres au sein du groupe et on avait une chanson que n’avions jamais utilisée. On a pensé que l’on pourrait sortir tout cela sur Bridge 9. On s’est donc allié à eux pour le faire. On s’est dit que nous devions investir dans le marché européen et refaire une tournée. A cette époque on ne savait pas encore que ça allait être avec Ramallah que nous la ferions. C’est la raison essentielle qui nous a poussé à faire une réédition, essayer d’avoir une meilleure distribution en Europe. On va le sortir au Brésil et on va essayer de le diffuser un peu plus parce que notre nouvel album ne sortira pas avant avril et nous voulions quelque chose qui bouche ce temps mort car on a beaucoup tourné sur "Friends, Family, Forever". La réédition comporte donc trois nouvelles chansons, deux d’entre elles viennent du split, une est inédite et un live capté au CBGB. C’est simplement un mix d’un peu de tout ce que les gens n’avaient pas et qu’ils voulaient avoir.

Etait-ce un choix particulier que de prendre ce live enregistré au CBGB?

Bryan : Et bien nous y avons joué deux fois avant que ça ferme, c’était excellent ! On y a joué et on nous a filé un enregistrement soundboard, ce qui est de toute façon un très bon souvenir. Et lorsque l’on préparait la réédition on s’est dit, pourquoi ne pas l’inclure en bonus ? C’est quelque chose d’historique tu sais. Le lieu est historique vu que c’est désormais fermé, c’est donc quelque chose de cool.

Tu nous as dis que vous aviez un nouvel album qui sortait en avril, que peux-tu nous dire à son sujet ?

Bryan : Et bien je pense qu’il s’agit du meilleur disque que nous ayons fait. 11 nouvelles chansons, et une que nous réenregistrons. On l’a enregistré avec Jim Siegel, au même endroit qu’ont pu enregistrer Blood for Blood, American Nightmare, ou Dropkick Murphys. Mais de loin oui, c’est notre meilleur disque, je veux dire par-là que le groupe à mûri et que nous avons maintenant 2 guitaristes. En grandissant on a appris à mieux écrire, les chansons sont plus directes, plus catchy. On est vraiment excité par ce nouvel album et il sortira en avril sur Bridge 9.

Tu viens de nous dire que vous aviez bossé dessus avec Jim Siegel, et vous avez déjà travaillé avec lui...

Bryan : Ouais sur "Friends, Family, Forever". C’était genre la première fois que l’on bossait avec quelqu’un qui savait ce qu’il faisait. Nos anciens disques ont étés faits très rapidement avec des personnes amatrices, c’était simplement des EP et personne ne nous connaissait donc... Mais pour celui-ci on a eu plus de temps en studio, c’était donc très bien.

Vous n’avez pas pensé travailler avec quelqu’un d’autre pour cet album?

Bryan : En grandissant j’ai toujours aimé ce que faisait Jim Siegel, j’adorais tout ce qu’il faisait. Lorsque l’on a dû faire "Friends, Family, Forever" avec lui on était vraiment excité, mais nous n’avons pas eu assez de temps. Pour ce nouveau disque il n’y avait donc aucun autre choix que Jim. Il apporte un son très brut et c’est ce dont nous avions besoin. Lorsque nous jouons live c’est ce que nous sommes, et il sait apporter ce son. Je n’ai donc jamais vraiment pensé à quelqu’un d’autre, Jim a toujours été parfait pour nous, et ça colle.

Et vous attendez un son un peu comme celui qu’il a pu faire avec Blacklisted par exemple?

Bryan : Ouais le Blacklisted est un bon disque. Ce qu’ils ont enregistré avec lui est incroyable ! J’espère donc que ça sera assez similaire. On a pris beaucoup de temps pour obtenir le meilleur son possible. De retour à la maison on finira le mix, et le master car on l’a déjà enregistré.

Vous êtes supposé repartir sur la route en janvier avec First Blood, Dead Hearts et Bloodlined Caligraphy. Qu’attendez-vous de cette tournée ?

Bryan : Je pense que ça va être bien. C’est un bon mix de groupes. First Blood sont de bons potes, Bloodlined Caligraphy est un groupe chrétien, et Dead Hearts est plus dans la veine d’American Nightmare. C’est donc un bon mix et je pense que ça sera une bonne tournée. En ce moment, il y a beaucoup de tournée où les groupes sonnent pareil, ou alors, ils sont tous totalement différents, mais je pense que celle-ci va bien fonctionner, je suis donc assez excité à cette idée.

A propos du Boston Beatdown DVD dans lequel vous apparaissez, tu peux nous en dire plus sur le FSU et sur les origines et le concept de ce DVD ?

Bryan : C’est quelque chose de bizarre. Les origines remontent à plus vieux que moi. Ca a dû commencer en 1988 quelque chose comme ça avec un groupe d’amis proches qui veillaient les uns sur les autres. Bien sûr le DVD montre des membres du FSU, et il était un moyen de dévoiler certains aspect de Boston avec les bastons de rue, les divertissements, et en le regardant tu en apprends les sens cachés. Vous devez vraiment écouter ce que les groupes disent car il y a des messages derrière. Mais mise à part les bastons, Boston est une ville bizarre, très difficile à comparer avec une autre. Le DVD montre au grand jour ce que cette ville est au quotidien.

Rob (Ramallah) : Ironiquement vous ne verez jamais les trucs les plus sérieux. Les bastons que vous pouvez voir sont des bastons de 2nd zone, les moins violentes en sommes, avec des jeunes kids. Il y en a des beaucoup plus violentes mais qui sont tellement pires que certaines personnes seraient allées en prison si les images avaient été sur le DVD. Vous ne voyez que les trucs les moins intenses.

Bryan : Les kids savaient que nous préparions un DVD. A la base c’était en partie un documentaire sur Boston et une autre partie sur les bastons de rue pour se divertir. Beaucoup de kids ont donc commencé à faire des bastons, à les filmer et nous filaient les images pour les mettre dessus mais comme Rob l’a dit, ce n’est pas nous qui nous battons, ce sont des gamins, peu importe qu’ils se battent dans la rue ou ailleurs. Le problème avec Boston est que c’est une ville Universitaire. Le principal club est une boîte de nuit et s’il y a un show hardcore il doit se terminer à 21h30 afin qu’il puisse ouvrir la boîte par la suite. Il y a des files de gens bourrés à l’extérieur qui commencent à se chauffer et c’est de là que naissent les bastons. C’est quelque chose de bizarre et c’est difficile à expliquer si tu n’es pas de Boston. C’est vraiment unique. C’est une ville violente mais on ne va pas dans les shows pour se battre. Les shows sont excellents mais peuvent être parfois rudes quand un mec de 150 kilo commence à bouger à côté de toi. S’il te touche, ce n’est pas volontaire, il n’essaye pas de te blesser, il ne fait que mosher. La plupart du temps, les grosses bastons viennent des gens de l’extérieur qui interprètent mal le truc. Comme je l’ai dit, c’est une ville très difficile à expliquer et le DVD n’en montre qu’un peu et n’explique pas tout.

Tu dis que Boston est une ville unique, mais il n’y a pas d’autres villes aux US un peu similaires?

Bryan : Je pense que toutes les villes ont leur aspect unique, que ce soit New York ou L.A... Boston est unique en son genre et c’est le cas depuis longtemps. Comme à l’époque des hardlines Straight Edge, Boston a toujours agit de manière différente de DC ou New York. C’était très violent, ils n’aimaient pas que des gens viennent boire à leur concert.

Frankie : Mais même en dehors des milieux punk et hardcore, Boston a toujours été une ville violente.

Rob (Ramallah) : Même Vinnie Stigma d’Agnostic Front, à la fin des années 80, début ’90, quand on lui demandait qu’elle était pour lui la ville la plus rude, il répondait Boston. Je ne sais pas pourquoi, mais maintenant que eux et moi avons tourné à travers tout le pays au moins 50 fois, on s’en rend bien compte. C’est une toute petite ville violente et je n’ai aucune explication, et pourtant nous venons de là-bas...

Bryan : Beaucoup de gens pensent que cela vient du fait que Boston est une ville universitaire, mais New York l’est aussi, ça n’a donc aucun sens. Je ne sais pas si cela vient du grand nombre de personnes qui vont à l’Université dans un si petit endroit, qui se retrouvent mélangées à des personnes originaires de la ville et que cela fait que ça part en couille. C’est vraiment difficile à expliquer. Même maintenant, pour les groupes étrangers qui jouent à Boston, il est difficile d’y jouer, de faire bouger les gens, je ne sais pas pourquoi.

Pour nous c’est assez dingue de voir ces images même si bien sûr il y a aussi des bastons de temps en temps...

Bryan : Ce qu’il se passe, c’est que les kids de Boston le prennent trop à cœur et certains de nos amis également. Je veux dire par-là que lorsque l’on se retrouve dans une baston, il n’y a pas vraiment de bon prétexte mais c’est comme ça. Mais c’est définitivement un truc divertissant. Tu mates le DVD et tu penses que c’est un truc dingue. Certaines personnes vont détester, d’autres vont adorer, c’est comme ça.

Mais j’ai entendu dire qu’il y avait certaines règles, genre pas d’armes ?

Bryan : Il n’y a aucunes règles, ce sont des bastons. Mais sur le DVD il n’y a pas vraiment d’armes car on ne va pas montrer des tentatives de meurtres. On ne les a pas montrés.

Frankie : Ce sont simplement des bastons. Un mec pète un plomb et ils se battent. Parfois c’est filmé et on met la main dessus. Je pense que pour la plupart, les circonstances ne sont pas bien décrites par les commentaires sur le DVD, mais en même temps ça vous donne un aperçut de ce que nous voyons très très souvent. Vous voyez dans quoi les gens sont impliqués et pas forcément par choix. Certains "animaux sous stéroïdes" veulent vous péter la tronche et vous devez vous défendre et c’est tout. Ca vous donne une idée de l’interaction qu’il y a entre la scène hardcore et les autres scènes. Ca montre une partie réelle de la vie à Boston, et ce que cela signifie d’y vivre.

Bryan : C’est bizarre. Lorsque j’avais 14/15 ans et que j’allais voir des concerts, je flippais mais j’aimais ça. Si tu es un vrai Hardcore Kid de Boston, tu aimes l’intimidation, c’est simplement l’univers dans lequel tu grandis et c’est la seule chose que tu connaisses. Si quelqu’un te branche en premier, tu vas avoir des emmerdes. Si un groupe joue et que les gens pètent les plombs tu seras blessé. Seul les vrais reviennent et s’accrochent. Les kids présents aujourd’hui qui ne seront plus là demain ne peuvent pas comprendre. Si tu as peur et que tu t’en vas faire autre chose c’est très bien, mais tu ne seras jamais un vrai hardcore kid de Boston.

Rob (Ramallah) : Devenir un hardcore kid à Boston c’est comme un baptème du feu. Ca ne se fait pas en venant passer du bon temps, tu dois faire tes preuves afin que cela signifie quelque chose.

Bryan : Et en même temps tu te dois de connaître cette musique et la respecter. Tu ne peux pas simplement y aller pour faire bien, tu dois vraiment l’aimer, et te déplacer aux concerts.

Et après ça vous avez fait un second DVD...

Bryan : Ouais c’était un genre de test comme 'Girls Gone Wild', vous savez avec des filles bourrées de l’Université qui montrent leurs seins. Il y a quelques bastons, les meilleures du Boston Beatdown 1, sont aussi sur le Boston Beatdown 2. On en a fait que 200 copies à l’époque, mais on ne pouvait pas vraiment le sortir car personne ne connaissait ces filles et personnes ne voulaient être poursuivi pour les avoir montré sur ce DVD.

Vous n’avez pas peur que ces DVD montrent une mauvaise image de la scène hardcore ?

Bryan : Ouais c’est définitivement un aspect de la chose mais les gens penseront ce qu’ils veulent. Les gens nous détesteront parce que nous sommes pote avec untel ou untel, les gens nous détesteront pour ces DVD, ils nous détesteront pour notre style de musique... mais nous sommes ce que nous sommes. Nous sommes aussi des hardcore kids, nous aimons cette musique et cette scène. Nous ferons ce qu’il faut pour la protéger. Si les gens veulent juger un livre à sa seule couverture, qu’ils le fassent. C’est pour cela que nous sommes hardcore, pour se mettre en marge de la société. Lorsqu’elle te dit que "tu ne peux en faire partie", on lui dit d’aller se faire foutre, on s’en branle. Si je suivais leur raisonnement, ça reviendrai à dire que j’emmerde le mouvement straight-edge, car je ne lui suis pas, mais je respecte ceux qui le sont, leur style de vie et d’où ils viennent. Les gens doivent à leur tour faire la même chose avec nous. Nous ne sommes pas qu’une bande de potes, nous sommes des hardcore kids qui aiment le hardcore et qui se battront toujours pour, et nous serons là bien plus longtemps que la plupart des gens.

Rob (Ramallah) : Ouais carrément ! La plupart des gens qui passent leur temps à se plaindre à propos de la scène hardcore ne sont déjà plus là. Ce sont ceux qui sont là depuis 10,12,15 ou même 5 ans, ou les gens qui sont là depuis 2 ans et qui seront encore là dans 7 ans qui définissent le truc. Les kids occasionnellement intéressés n’ont pas le droit à la parole.
Un autre bon exemple est le club Roman’s à Brockton. C’est le lieu le plus chaud pour les concerts hardcore à Boston en ce moment. Il y a les plus gros shows, les plus dingues et il est dirigé principalement par le FSU, et il n’y a aucun problème. Le dernier bastion hardcore est donc dirigé par le FSU. Il n’y a pas de bastons, les concerts sont simplement dingues mais tu ne seras pas pris dans une baston. C’est comme la petite forteresse du hardcore.

Frankie : Les hardcore kids peuvent y aller et savent qu’ils seront préservés des tarrés de l’extérieur. Pour élargir la chose concernant le DVD, il s’agit de punk et de hardcore, c’est supposé être extrême, et c’est très bien si ça terrifie la majorité des gens. Nous ne voulons rien mettre en avant, les choses sont telles qu’elles sont. Les choses négatives viennent de faits existants. Le hardcore est différent mais tu dois assumer, et aimer ce que tu es.

Vous dites que c’est supposé être agressif, mais en même temps, ça doit être ouvert d’esprit...

Bryan : Ouais, nous voulons que les jeunes découvrent cette musique...

Frankie : On est très ouvert d’esprit avec les jeunes, et les nouvelles idées. Le hardcore et le punk sont des mouvements ouverts d’esprit, et on essaye de comprendre les croyances de chacun, et tu te dois d’en écouter tous les aspects avant d’agir.

Bryan : Si tu as beaucoup de kids à un show, des grands, des plus jeunes, tout le monde pète les plombs et passe du bon temps, c’est intimidant mais c’est à la fois positif. Si un mec de l’extérieur débarque au concert et voit tous ces gens complètement dingues et s’il frappe un gamin de 13 ans en pleine face, on va l’exploser. Si c’est un gamin qui veut simplement apprendre et qui ne mosh pas, pas de problème, il veut simplement apprendre et se faire accepter. On s’excite si un mec qui n’appartient pas à la scène vient gratuitement frapper un gamin. Faire partie de la scène hardcore, c’est avoir une ouverture d’esprit. Si quelqu’un dit "Je n’aime pas ce que Death Before Dishonor représente... ", je ne vais pas le cogner, chacun ses opinions. Mais ne dites pas que "Death Before Dishonor est un groupe de merde" si vous ne nous avez jamais entendus et que vous dites cela par rapport à qui sont nos potes. Ce n’est pas juste, et personne ne peut nous juger de cette manière.

Et donc avec tout ce qui a été dit, voyez vous une grosse différence entre les US et l’Europe?

Bryan : Ouais! Ce dont manquent les States, c’est d’un mix de différentes sortes de kids. C’est bien de voir les gens soutenir les musiques underground dans sa globalité. S’il y a un bon groupe punk de Boston qui joue, je me déplacerai pour aller les voir. Je suis un hardcore kid mais j’irai les voir.
Actuellement aux States, les kids ne semblent aimer q’un seul style de musique et sont un peu fermés d’esprit et ce n’est pas une attitude de soutien envers les groupes undergrounds qui travaillent durs. Lorsque l’on vient jouer en Europe on voit des punks, des coreux, certains font des circle-pit, d’autre ne font qu’headbanger, et c’est une chose que je voudrai voir plus souvent aux States. Auparavant ça ressemblait un peu à ça et je pense que ça a disparu assez récemment.

Frankie : Je pense que les kids sont devenus blasés...

Bryan : Ouais, c’est certain, tu peux maintenant choisir les groupes que tu souhaites voir. C’est une entraide mutuelle, sans les autres, nous ne serions rien.

Que signifie pour vous, faire du hardcore aujourd’hui ?

Bryan : Tout ce que je puis dire, c’est que c’est une partie de notre vie. Dès que j’ai commencé à aller aux shows, j’en suis tombé amoureux. Lorsque je suis à la maison, je dois travailler pour gagner de l’argent mais je continue à aller aux shows. Même si je ne rentre à la maison que pour 1 semaine, s’il y a un concert, j’irai. Le hardcore est notre vie. Nous donnerions tout ce que nous avons pour pouvoir tourner sans arrêt.

Scott de Terror m’avait dit à peu près la même chose...

Bryan : Bien sûr ! Voilà un autre super mec. Il a 33 ans et il tourne autant que possible. S’il n’est pas en tournée et que nous jouons à L.A, il sera là. Certains semblent avoir mieux à faire, mais lui est là depuis longtemps et il continue à aller aux concerts. C’est comme ça que ça doit être.

Frankie : Bah ouais, c’est ça dans le hardcore ! Il n’y a pas de rockstar ! Nous sommes tous des hardcore kids, tout comme les personnes qui se trouvent dans la foule. Nous sommes tous pareil. C’est ce qui en fait sa beauté. Il n’y a pas cela dans les trucs merdiques mainstream où tout le monde semble se défier. Le hardcore en est le direct opposé et c’est une des bonnes raisons qui fait que nous l’aimons autant.

Ca me fait penser à Scott qui semblait un peu en colère par rapport aux reformations d’anciens groupes hardcore. Vous en pensez quoi vous ?

Bryan : Ouais je sais que ça le rend dingue. Il y a 2 façons de voir les choses selon moi. Les kids sont excités à l’idée de voir revenir des vieux groupes qu’ils n’ont peut-être jamais eu l’occasion de voir. Ce qui m’énerve c’est lorsqu’un groupe se ramène 10 ans après avoir dit, que "le hardcore n’était plus rien pour lui" et qui revient simplement parce que le hardcore est actuellement rentable.

Rob (Ramallah) : Ca dépend principalement des raisons et des motivations. Ca me dégoûte de voir revenir des groupes 10 ans après et prendre des cachets de 10,000$. En ce qui me concerne avec Blood For Blood, nous revenons parce que nous avons le sentiment que c’est le bon moment et non pour l’argent, car il n’y a de toute façon pas d’argent.

Bryan : J’aime Killing Time et je ne peux pas dire de saloperies les concernant car j’ai grandit en les écoutant, mais comme Rob l’a dit, tant qu’ils reviennent pour de bonnes raisons, c’est cool. S’ils ne reviennent pas avec l’idée qu’il est plus facile de faire de la tune, ça me va. Si je les voyais ça serait énorme mais ça m’énerve quand il y a trop d’argent impliqué. Maintenant lorsque tu allumes MTV, tu vois du hardcore et des gens qui se font de la tune avec. Cette attitude dessert les groupes qui sont toujours là et qui continuent de travailler dur. Tout le monde a ses raisons, et aussi longtemps que ces gens reviendront pour de bonnes raisons, je les soutiendrai.

Rob (Ramallah) : Un exemple rapide : avec Blood For Blood on se remet ensemble car nous voulons passer du bon temps ensemble et nous voulons voir nos potes à travers le pays, nos potes d’Oakland, de Detroit... et nos chansons ont toujours autant de signification. Tout simplement parce que nos vies n’ont pas changées. Les chansons signifient peut-être même plus de choses actuellement car ma vie est vraiment merdique. On va continuer car nous le voulons, et personne ne nous arrêtera.

Bryan : Je ne crois pas que ces groupes qui reviennent pour ces 10,000$ aient du plaisir, et ça les éloigne de l’esprit qu’ils avaient à l’époque.

Rob (Ramallah) : Et tu ne peux te tracer une histoire digne de ce nom avec des conneries pareilles...

Bryan : C’est comme Agnostic Front, ils n’ont jamais arrêté. On a tourné aux States avec eux, on dormait dans le van les uns contre les autres. S’ils font un concert et qu’il n’y a pas assez de kids et que le promoteur n’a pas assez d’argent, Roger lui dira "Je m’en fous, donne moi ce que tu peux !", c’est ça être hardcore. Ce mec vit cette putain de vie et ne pensera jamais à la tune.

Frankie : Voilà un groupe que les jeunes devraient avoir comme modèle.

Rob (Ramallah) : Ils n’ont jamais retourné leur veste, ILS SONT LE HARDCORE !!! ILS SONT LE HARDCORE !!! Ils en sont la définition !

C’est rigolo car hier nous sommes allés au Persistance Tour en Allemagne, nous avons rencontré Freddy (Madball) et Lou (Sick Of It All), et ils ont dit exactement la même chose à propos d’Agnostic Front...

Bryan : Ouais, quand tu les rencontre et que tu vois leur façon d’être, tu vois qu’ils sont LE hardcore.

Rob (Ramallah) : Ouais, ils sont vraiment cools!
C’est marrant, Death Before Dishonor était dans la même situation que Blood For Blood. Agnostic Front nous a emmené sur la route, c’était le premier groupe établit et crédible qui a fait tourner Blood For Blood. Ils nous ont emmené alors que personne ne nous connaissait, que nous ne connaissions pas de promoteurs ni d’agence de booking... rien ! Roger et Vinnie d’Agnostic Front ont entendu Blood For Blood, ont aimé et nous emmené avec eux. C’était vraiment cool ! ils ont simplement pris un groupe qu’ils trouvaient bon. On ne voit plus vraiment cela actuellement. Maintenant c’est plus du genre "Combien de personnes vont-ils ramener ? Combien d’albums ont-ils vendu ?".

Bryan : Ouais c’est vrai ! Lorsque nous avons fait la tournée "Unity" il y a 2 ans, je n’avais rencontré Roger qu’une seule fois, on ne se connaissait pas, et puis nous sommes devenus plus proches. Ils avaient besoin d’un groupe pour la tournée américaine et Roger a dit : "Pourquoi pas vous les gars ?". Roger en a parlé à l’agence de booking qui a demandé combiens d’albums nous avions vendus, Roger leur a dit "J’en ai rien à foutre, ils feront la tournée avec nous !". Plus personne ne fait ça. J’ai parlé avec tous les membres du groupe, Roger, Vinnie, Mike et ce sont vraiment de supers mecs. C’est tellement rare de voir ça de nos jours. C’étaient nos modèles ! Comme les groupes de Boston comme Blood for Blood et Slapshot, mais Agnostic Front était à un autre niveau.

Rob (Ramallah) : Ouais! Nos vies ont changées à partir du moment où ils nous ont emmenés en tournée. On s’est retrouvé en face de grandes foules pour la première fois, un public qui nous correspondait, qui avait le besoin de nous entendre et de nous voir. Et c’est maintenant très rare dans le music business. Aujourd’hui c’est plus un coupe gorge et un truc de mercenaire. Je ne vais citer aucun groupe mais Blood For Blood à prit sous son aile des groupes qui débutaient leur carrière et qui sont par la suite devenus plus gros et qui ne nous ont jamais retourné la pareil. C’est comme ça qu’est l’industrie du disque actuellement, personne n’a de mémoire, personne n’a de fidélité ou de loyauté. Les vrais groupes de hardcore, eux, ne sont pas comme ça.

Ouais mais que vous le vouliez ou non, que ce soit hardcore ou punk, ca reste de la musique et donc un business...

Rob (Ramallah) : Ouais, c’est vrai ! Tout le temps !

Bryan : Ouais, je suis d’accord. Et c’est pourquoi beaucoup de groupes et d’agences de booking agissent ainsi. Je mentirai si je disais que nous ne voudrions pas partir en tournée avec un gros groupe, mais en même je veux être sûr que l’on pourra leur rendre en retour. No Turning Back est venu et avait besoin d’un groupe avec qui tourner, on a donc tourné avec eux. Ce sont des mecs qui soutiennent ce que l’on fait.

Frankie : Il n’y a rien de mauvais dans le fait de devenir plus gros, il faut juste se souvenir d’où l’on vient. Si tu peux devenir énorme en faisant de la musique c’est cool. Tu ne peux pas venir du hardcore, devenir énorme, l’oublier et t’en servir de tremplin pour faire de la pop de merde.

Y’a t’il des groupes de Boston que vous nous recommanderiez?

Tous ensemble : Il y a beaucoup de très bons groupes ! Can't Stand Losing, Have Heart, Bulldog Courage, Shipwreck, Energy.

Bryan : Il y a beaucoup de très jeunes groupes qui viennent de Boston, beaucoup! Il y a un label qui s’appelle Rock Vegas Records, c’est un bon label, ils ont quelques jeunes groupes qui arrivent.

Frankie : Des bons groupes qui font leur truc pour de bonnes raisons.

Rob (Ramallah) : C’est rafraichissant !

Quels sont les albums qui vous ont marqué en 2006 ?

Bryan : Le nouveau Terror "Always the Hard Way". Est-ce que le Ringworm est sorti cette année?

Frankie : Non c’était l’année dernière mais "Justice Replaced by Revenge" est l’un des meilleurs albums jamais sortis.

Bryan : L’album le plus ignoré de tous les temps. Est-ce que le "Legacy" de Madball est sorti cette année ?

Non c’était l’année dernière...

Bryan : Je ne me souviens jamais des années de sortie, c’est toujours la même chose.

Rob (Ramallah) : J’adore "Legacy", il est incroyable, les paroles sont excellentes.

Jamey Jasta a sorti 2 albums cette année, un avec Icepick et un autre avec Hatebreed, vous les avez entendus ?

Bryan : Ouais j’aime beaucoup le Hatebreed! Je n’ai dû entendre le Icepick qu’une ou deux fois, c’est un bon disque mais je préfère Hatebreed.

Born From Pain peut-être?

Bryan : Ouais j’ai enfin rencontré Rob pour la première fois récemment, c’est un putain de bon groupe ! Leur prochain album "War" va bientôt sortir non ?

Il est déjà sorti, il y a 3 semaines...

Bryan : Ah d’accord, je dois le chopper ! Le nouvel album de No Turning Back est aussi un putain d’album ! Le nouveau Have Heart vient juste de sortir, c’est un son différent mais je suis vraiment à fond là-dedans.

Rob (Ramallah) : The Set Up...

Bryan : Ouais, The Set Up est un bon groupe! Ils étaient sur la plupart des dates de cette tournée. Je ne me souviens de rien d’autre, et je suis un trou du cul de ne pas m’en souvenir.

Frankie : Pour ma part, j’écoute le "Set It off" de Madball tous les jours...

J’ai vraiment apprécié de pouvoir vous rencontrer, de pouvoir parler de ce fameux DVD parce que je ne savais vraiment pas quoi penser à propos de vos groupes, et sur vous en tant que personnes...
Un petit message pour vos fans français et européens ?

Bryan : Ouais ! Merci de nous soutenir ! Et merci pour cette interview qui nous exposera à plus de gens. On apprécie vraiment ! Sans les kids qui viennent aux shows, et qui montrent de l’intérêt, nous ne serions rien. Donc, merci !


Interview Manu
Traduction Manu



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