Ektomorf Interview
Ce 14 février 2005 Tataye et Manu rencontrent Zoltán (guitare & chant), József (batterie) et Tamás (guitare), du groupe hongrois Ektomorf, qui les convient dans leur tour-bus. Le groupe est ravie de rencontrer enfin " des gens comme eux ", comme ils disent...
A propos de cette tournée, comment cela se passe t'il jusqu'à présent ?

Z : C'est une super tournée. C'est génial d'être sur la route avec ces groupes. Vous savez, j'ai grandi en écoutant Kreator, et je suis sûr que c'est la même chose pour les autres gars du groupe. En plus, les gens sur cette tournée sont vraiment géniaux, à l'exception peut être de la date que nous avons joué en Italie. Ca a été vraiment dur pour nous, parce que là bas, les gens étaient vraiment branché métal, et vous savez quel genre de musique on joue !

Ce soir aussi, le public n'a pas été des plus réactifs à votre musique ?

Z : C'était bien mieux qu'en Italie en tout cas. Mais la France est un bon pays pour nous. On a joué à Montpellier il y a quelques jours, ça a vraiment été dément là-bas, les gens étaient déchaînés. Et pour ce qui est de la date à Barcelone hier soir, c'était grandiose. C'était notre première date dans cette ville, et on a joué dans la même salle où Sepultura a enregistré sa vidéo " Under Siege ". C'était vraiment génial.

Cette tournée s'étale sur 5 semaines avec seulement un seul day off, n'est-ce pas dur physiquement ?

Z : Vous savez, on a une très bonne équipe avec nous. En plus le bus est super.
T : Zoltan doit prendre soin de sa voix. Mais pour nous ce n'est pas si difficile.
On a juste à jouer, c'est tout.
Z : C'est la première fois que nous avons des techniciens pour les guitares et la batterie. La seule chose dont on ait à se préoccuper, c'est de jouer. C'est tout. Après 11 années, c'est la première fois qu'une telle chose nous arrive, c'est génial.

Parlez nous d'Ektomorf, qui êtes vous ?

Z : Le groupe c'est formé en 1993, on a commencé à enregistrer des cassettes de démo. Ensuite, on a enregistré notre premiers album en 1996, les paroles étaient en hongrois, toujours sur cassette audio. En 1998, notre deuxième album est sorti, il s'appel Ektomorf, toujours en hongrois. C'était du pure trash-métal comme Kreator ou Sepultura. En 2000, Kalyi Jag a vu le jour, notre troisième album, avec des influences gipsy. C'était notre premiers album en anglais. C'était pour nous l'album qui nous a permis de nous faire connaître en dehors de la Hongrie. Grâce à cet album on est partis jouer en Autriche et en Allemagne. Par la suite on a participé à un festival appelé Summer Breath et c'est là qu'on a rencontré les mecs de Nuclear Blast qui ont décidé de nous signer sur leur label. On a donc sorti notre 5ème album l'année dernière, Destroy, sous ce label. C'est notre premier album qui bénéficie d'une distribution mondiale. Depuis on a donc pas cessé de tourner, tourner, et encore tourner pour soutenir cet album. Et donc là, notre nouvel album va sortir le 29 mars, il va s'appeler Instinct. Je pense que c'est le meilleur album que nous ayons jamais enregistré. Vous avez pu entendre certains des morceaux de cet album ce soir. Cet album sera très lourd, avec des parties grooves aussi. Si je devais décrire notre musique, je dirais que c'est du hardcore, trash metal avec des sonorités punk. Certains amateurs de métal peuvent trouver ce genre de mélange étrange, car certains d'entre eux ne peuvent pas jumper. Mais je veux, c'est sain mec (éclat de rire), il faut faire un peu d'exercice.
Donc voilà, nous sommes un groupe de trashcore. Beaucoup nous comparent à Soulfly et à Sepultura. C'était peut-être vrai pour ce que nous faisions l'année dernière, mais maintenant c'est différent. Nous sommes Ektomorf vous savez. Nous avons notre propre nom, notre propre style avec nos propres paroles.

Cela fait maintenant un an que Destroy est sorti. Après l'avoir supporté live pendant plus d'une année, quel regard portez-vous sur cet album ?

Z : C'est vrai qu'on a beaucoup tourné pour cet album. L'année dernière on a tourné avec les new-yorkais de Pro Pain. C'était une sacrée tournée, pas aussi grande que celle là, mais c'était génial. On jouais tous les soir devant environ 600 personnes. Pour vous dire, hier à Barcelone on a joué devant 1500 personnes. Mais c'était bien, 29 dates sans day off ! On était passé en France, à Saint-Nazaire je crois et Strasbourg. C'était nos seules dates ici. Sur cette tournée, on joue deux fois dans votre pays, aujourd'hui à Lyon, et demain à Paris. Et j'en suis ravi.

A propos de votre nouvel album, où l'avez-vous enregistré, et avec qui ?

Z : On est partis au Danemark l'enregistrer dans le même studio où l'on avait bossé pour Destroy. Comme pour le précédant, Tue Madsen s'est occupé de la production. On était vraiment satisfait à 100% du travail qu'il avait fait sur Destroy. On a d'abord fait les pré-production dans un petit studio en Hongrie, et on les lui a envoyés. Il a adoré les nouveaux morceaux et il nous a dit qu'il avait hâte d'attaquer le nouveau. Et c'est fort probable que l'on fasse aussi le prochain avec lui. C'est un mec vraiment cool, il sait ce qu'on veux. Je veux dire, si vous arrivez à trouver quelqu'un qui vous connaît parfaitement, et qui est capable d'obtenir ce que vous recherchez, il ne faut pas hésiter alors à travailler avec cette personne.
Il faudrait vraiment que vous écoutiez le nouvel album. Le son est différent de celui de Destroy. Le son était très gras sur Destroy. Sur Instinct, le son est plus sec, plus dénudé, plus naturel. On n'a pas utilisé d'effets cette fois. Tout sort directement des amplis pour passer dans les micros.
T : On a tout enregistré en 5 jours. Après ça, on passé 2 semaines à mixer le tout.
Z : L'album a un son très brut. 45 minutes de pure agressivité. Beaucoup de colère se dégage des chansons.
T : Vous pouvez vraiment ressentir de l'énergie live à l'écoute de cet album.
Z : Cet album sera plus énervé que le précédant. Beaucoup de gens pensent que comme nous sommes un jeune groupe, nous devons êtres calmes et nous sentir bien. Mais c'est tout le contraire. Nous sommes plus stressé que jamais, nous voyons chaque jours des gens vraiment dérangés dans le leur tête. Et spécialement dans ce business. Les gens peuvent réellement vous traiter comme de la merde si vous n'êtes pas quelqu'un d'important. Mais on continu à se battre !

En quelques mots, que diriez-vous aux gens qui ne connaissent pas Ektomorf pour leur donner envie d'acheter votre album ?

Z : Il doivent avant tout aimer la musique " heavy ". Nos chansons parlent de la société actuelle, nous n'inventons pas d'histoires. Elles reflètent ce que nous avons aujourd'hui. Pour ce qui est de la musique en elle-même, c'est une musique qui permet de jumper, headbanger, et pogoter à fond ! (rire). Notre musique vous permettra de faire ressortir votre colère. Tous ce que vous cherchez dans ce style de musique, vous le trouverez sur notre album. On a pu voir ça se soir. De plus, notre musique est honnête. On s'adresse directement aux gens. Je n'écris pas pour Dieu ou Satan, je m'adresse aux gens. Pas comme le font certains groupes !!! (gros éclat de rire). Je croie en Dieu, mais je ne pratique aucune religion. C'est important pour moi de croire en Dieu, mais je ne suis pas attiré par ces religions qui vous font perdre la tête, ces religions où vous trouvez toutes sortes de gens pour vous dire quoi faire de votre vie. J'ai ma propre vie, Dieu est là, il me montre le chemin, je n'ai besoin d'aucune église ou bible.

De nos jours, on découvre en France de plus en plus de groupes hongrois comme Superbutt et Cadaveres de Tortugas. Il semble que la Hongrie soit très productive en matière des bons groupes de métal.

Z : Superbutt, on ne les connaît pas vraiment, mais Cadaveres de Tortugas sont de grands potes à nous.
T : Ce sont vraiment des gars extra.
Z : On a beaucoup tournés avec eux en Hongrie. On a fais une tournée qui s'appelai " Terrorist Tour " à l'époque. On ne pourrai plus nommer une tournée ainsi maintenant. Mais c'était bien de jouer avec eux, on les a même emmenés avec nous en Allemagne.

Quelques années auparavant, on ne connaissait rien de la scène métal hongroise, maintenant il semblerai que de plus en plus de groupes aient l'occasion de tournée dans l'Europe entière.

Z : Oui, tout le monde fait de son mieux. Les gars de Superbutt essayent depuis plus longtemps que nous. On a juste eu la chance de tomber sur un bon label et d'avoir l'opportunité de participer à de gros festivals en Allemagne. On a joué dans les plus gros festivals l'année dernière. On a participé au With Full Force Festival, au Rock Am Ring et au Rock Im Park… toutes ces participations ont vraiment été bénéfiques pour nous. Cette année, nous serons encore à l'affiche du festival With Full Force, mais à une meilleure position. De plus, ils ont utilisé un des morceaux du nouvel album Insctint, " Set me free " comme bande annonce de leur site internet, parce qu'ils apprécient vraiment ce que l'on fait. Ca va être vraiment bien cette année. J'adore ce festival, c'est mon préféré.
T : Ils mélangent vraiment les styles, il y a toutes sortes de musiques à l'affiche.
Z : les gens qui se rendent à ce festival sont ouvert d'esprit. Aujourd'hui le problème c'est que les gens dans le métal sont très accrochés à un style. Ils doivent être plus ouverts. Beaucoup de groupes se prétendent " heavy ". Mais ils ne le sont pas. Mais tout ce qu'ils font c'est parler de démons, ils ne sont en aucun cas " heavy ". La musique " heavy " t'arrive directement à la gueule et t'explose en plein visage. Et pour cela, il ne suffit pas juste d'implorer tel ou tel démon. Ces trucs là ne sont pas pour moi. Quand j'avais 14 ans, j'avais une croix à l'envers à mon cou et un patch 666 sur mon blouson, mais plus maintenant. Il y a des choses plus importantes dans ma vie que de penser à Satan. Vous savez, on en a un peu marre de tout ce cirque. Sur cette tournée, les fans ne sont pas assez ouverts. Dieu merci, dans certains pays ça marche. En Espagne, c'était génial, tout comme en France. A Montpellier même les black-métalleux se sont mis à jumper ! Et en Allemagne, c'était pareil, là-bas on a vu plus de gens qui vous ressemblaient. C'est donc cool de vous voir ce soir, enfin des mecs qui nous ressemblent ! (éclat de rire)

Vous n'avez pas eu beaucoup de chance ce soir, parce qu'à Lyon, il y a beaucoup de gens qui écoutent votre style de musique, malheureusement, ils devaient penser qu'un concert avec Kreator, ce n'était pas pour eux.

Z : Je voie ce que tu veux dire. Mais tu sais, les mecs de Kreator sont vraiment géniaux. Mille (guitare et chant) est un mec fantastique. C'est devenu un amis. Bon d'accord, on joue devant une audience très stricte, mais ça nous permet quand même de diffuser notre musique. Et c'est le plus important. Et puis cet été, nous allons retrouver notre public et peut être que certaines personnes nous ayant découverts sur cette tournée reviendront nous voir. Mais en tout cas, je pense quand même que ce soir ça a été bon pour nous. J'ai eu du répondant de la part du public, ils ont montrés du respect. En Italie, on a pas eu droit au respect.
T : Et la Grèce !!! (éclat de rie) Que des fanas de Kreator ! (il ne peut plus s'arrêter de rire)
Z : Ah la Grèce, ça ne s'est pas bien passé pour nous. Après les premiers morceaux, tout le monde se mettait à crier " Kreator, Kreator, Kreator ". Je me retrouvais là, devant mon micro, avec 1000 personnes devant moi qui scandaient le nom de Kreator. Et là, vous devez enchaîner vos morceaux quoi qu'il arrive. C'était assez dure. Mais je pense qu'on a réussi à toucher certaines personnes.
T : Certaines personnes aux premiers rangs n'étaient pas très amicales. Des petits cons qui nous faisaient signe d'aller nous faire foutre, ils ne se gênaient pas de nous montrer qu'ils voulaient qu'on parte. Mais on voyait que certaines personnes dans le fond de la salle appréciaient le show, donc c'était ok.
Z : De toute façon, ce n'est pas important. Kreator est un grand groupe. On joue une musique différente mais les bases sont les mêmes. Nous avons des riffs très heavy et très agressifs, tout comme eux.

Mais je pense que dans ce pays, beaucoup de groupes ont ce genre de problème.

Z : Oui, ils écoutent Rhapsody là-bas. Vous savez (il se met à chanter) 'Whouahhhhh ", ce genre de métal. C'est très difficile de les faire bouger sur notre musique. Ils ne trouvent rien là dedans. Ils veulent juste chanter avec vous " Whouahhhh ", mais ça je ne peux pas le faire. Je ne chante pas, je hurle. Je ne chanterai jamais, ce n'est pas pour moi, je ne peux pas le faire. Mais je pense sincèrement que notre prochaine album touchera d'autres personnes. Je sais qu'il est heavy, il est pour tout le monde, même pour ce type de publics. Chacun doit resté ouvert d'esprit et nous verrons bien.

Et sur ce nouvel album, Instinct, y aura-t-il des invités comme sur Destroy où un mec de Mnemic était venu ?

Z : Non, pas cette fois si. Mille de Kreator devait venir au Danemark, mais il n'a pas pu se libérer. La promotion de leur nouvel album lui a demandé beaucoup plus de travail que ce qu'il croyait. Donc cette fois, c'était juste nous 4.

Il est facile de trouver Destroy dans les bacs, mais est-ce possible de trouver vos anciens albums ?

Z : En Allemagne il est toujours possible de trouver " I Scream up to the Sky " et " Kalyi Jag ", mais pour ce qui est des plus anciens, non, plus maintenant. Mais vous savez, ces anciens albums ne sont pas de si bonne qualité que ça. Peut-être est-ce possible de les trouver sur Ebay, mais ceux que j'ai vu étaient bien trop cher. Je ne pense donc pas qu'ils soient encore possible de les trouver. Peut être qu'un jour nous seront en mesure de les rééditer, mais pour l'instant, c'est le futur qui nous intéresse, pas le passé !

Nous tenions à remercier tout particulièrement Eric (BAD), ainsi que Zobiwane de Metalsickness pour son dépannage photographique !!!! , et bien sur Ektomorf pour sa disponibilité et sa sympathie.


Interview Manu & Tataye
Translation Tataye





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