Icepick Interview - Jamey
Cette interview a été réalisée à Sélestat le 15 juin 2006.
Laureline, O.S et Manu ont rencontré l’un des 2 chanteurs, Jamey Jasta, afin de parler de ce nouveau side-project et de toutes ses activités parallèles à Hatebreed.


Bon comment vas-tu Jamey?
Bien, bien, je n’ai pas à me plaindre ! (Rires)

Tu as donc créé un nouveau groupe qui s’appelle Icepick. Tu peux nous en dire plus sur les origines du groupe ?
Lorsque j’étais roadie pour Cold As Life, je dirai que c’était en 1996, on plaisantait en se disant « Créons un projet parallèle avec tout le monde dedans ! ». On avait besoin d’un nom et je voulais l’appeler « Icepick ». On avait des chansons mais rien n’est jamais sorti. Et puis en 1999, j’ai organisé un concert avec Crown Of Thornz. Ils sont venus dans le Connecticut afin de jouer pour moi et j’ai eu leur nouvel album sur lequel figurait une chanson appelée « Icepick ». Comme j’avais envie de monter un groupe portant ce nom, je suis allé en toucher 2 mots à Ezec, et on s’est dit « Qu’on devait faire un groupe, simplement pour le fun ! ». On a fait une tournée avec Skarhead, Madball et Earth Crisis sur laquelle on passait du bon temps et on se disait qu’on allait peut-être monter un projet parallèle, mais cela n’est jamais arrivé. Puis UFC m’a approché pour faire une chanson pour la compilation appelée “Ultimate Beatdowns” et j’avais une chanson que je n’avais pas utilisée pour Hatebreed. Ezec est venu chanter dessus et nous l’avons mise sur la compile. Puis beaucoup de gens ont commencé à en parler. On s’est dit « Ok ! Nous devons faire un album ! », puis finalement c’est devenu « Assez discutés, faisons ce disque qu’on en termine ! ». Et voilà, il est là.

Qu’est ce qui se cache derrière ce titre « Violent Epiphany » ?
Et bien lorsque j’étais gamin, grandir dans une ville comme celle où j’ai grandi, et même si je rentrais simplement de l’école ou du boulot de mère, je devais regarder derrière moi dans la rue, je me devais d’être prudent. J’ai eu pas mal d’histoires comme me faire foutre par terre ou me faire voler mon vélo. Je devais me battre souvent à l’école et lorsque j’allais ou rentrais de l’école. C’était donc comme un réveil brutal lorsque je ne me suis pas défendu la première fois. Mon père m’a dit « Tu sais que tu dois te défendre, tu le sais ! Fais ce que tu as à faire ! ». Le fait de n’avoir jamais été physiquement blessé a été pour moi une sorte de révélation. J’ai pensé que cela allait complètement changer ma vie et je n’avais jamais vraiment parlé de cela dans une chanson. Je me suis dit qu’on pouvait lier tout cela à l’album, en me renvoyant dans le passé, puis en allant de l’avant, avec Ezec sur différentes choses de la vie sur lesquelles vous devez vraiment vous battre afin que cela puisse être comme une sorte de réveil.

Il y a pas mal d’invités sur l’album comme Freddy Cricien, Roger Miret, Ice-T, Pete Morcey… Est-ce comme un rêve d’avoir tous ces mecs sur ta musique, sur une seule chanson (“Real Recognizes Real”)?
Ouais c’était cool ! Je voulais avoir tous les Parrains sur une seule plage c’est pour ça qu’on a Ice-T dessus. On se disait que si nous devions avoir tous les Parrains du hardcore, nous devions avoir les vrais Parrains... les Parrains de la Vie en générale. Donc ouais c’était cool, voilà la principale raison. L’autre raison qui a fait que j’ai fais ce disque et que j’ai utilisé ces chansons pour Icepick est simplement dû au fait qu’elles ont une vibe différente. Ce n’était pas vraiment quelque chose de sérieux avec laquelle on voulait changer les choses. C’est simplement un instantané du moment où on l’a fait, genre « Faisons-le, n’y pensons pas et ayons simplement du plaisir ! »

Et le fait d’inviter tous ces mecs était quelque chose que tu pensais impossible de faire avec Hatebreed?
Ouais ! Exactement ! J’ai dû voyager avec mon studio mobile. Ca s’est passé comme ça, avec un ordinateur et un ampli. Vous savez, c’était beaucoup de boulot d’avoir tout le monde sur cette seule chanson. J’ai dû voyager de Boston à New York en passant par le New Jersey... C’était cool car personne n’avait jamais fait une chanson comme celle-ci auparavant. C’était vraiment cool.

“Violent Epiphany” est sorti sur Stillborn Records que tu as à l’origine créé pour Hatebreed. Maintenant, le but du label est-il toujours de développer le hardcore avec des trucs genre Stigma, Subzero, Full Blown Chaos, Angel Crew… ?
Ouais totalement ! C’est simplement un moyen de rendre et d’avoir du plaisir. Malheureusement cela me conduit à des dettes et ça me fout mal à la tête rien que d’en parler. Mais au final ça en vaut la peine car j’ai vraiment plaisir à faire ces disques. Lorsque j’ai fais le « Another Voice » d’Agnostic Front, j’y ai mie des centaines de dollars. Lorsque le temps est venu de le sortir, Nuclear Blast m’a approché en disant « Nous métrons ton logo dessus, nous voulons le sortir, on aime vraiment l’album! ». C’était une aubaine pour moi car je n’avais pas à faire tout le travail vous voyez ! Je n’avais pas à donner tous les coups de téléphone, et cela m’a préservé de pas mal de maux de têtes de l’avoir sortie sur Nuclear Blast. Ce que je fais dorénavant est que je sors les disques sur Abacus aux States et puis chez Abacus/Alveran ici en Europe. C’est donc plus simple, je n’ai pas tout à faire.

On a dit que t’avais bossé avec Ice-T pour Icepick. Peut-on envisager de voir le nouvel album de Body Count sortir sur Stillborn ?
J’aurai aimé mais c’est déjà finalisé et il sortira sur Escapi Music. Mais sur la version américaine de l’album d’Icepick on a une chanson du nouveau Body Count qui figure sur un cd bonus. Tout le monde pourra donc parler du nouvel album de Body Count, ce qui est plutôt bien. C’est un bon album.

Tu sembles très impliqués dans la scène hardcore bien que ce que peuvent dire certains hardcore kids sur ce que tu peux faire avec Headbanger’s Ball par exemple. Comment réagis-tu à ce genre de critique ?
Je n’y pense pas vraiment. Simplement parce que je ne pense pas qu’il s’agisse d’une majorité. Ce ne sont simplement que de tout petit gamin qui ne savent pas. Ils pensent avoir une idée ou croient savoir ce qu’il en est, cela ne me dérange pas car je suis en accord avec moi-même. Je n’ai pas besoin de tirer les gens vers le bas, d’insulter ou de tirer vers le bas qui que se soit pour me sentir grandit. Vous voyez ce que je veux dire ? Je me suis d’ores et déjà construit vous savez.

Tu apparais aussi en tant que guest sur pas mal d’album de différents styles comme ceux de Terror, Agnostic Front, Sepultura, Ill Nino, Napalm Death, Necro...
Ouais ouais, c’était fun... (Rires)

... quel est la chose principale pour toi lorsque tu décides de faire ou de ne pas faire d’apparitions en tant qu’invité?
J’ai arrêté d’en faire récemment parce que j’avais le sentiment d’être sur tous les albums. J’apprécie que tous ces gens veuillent me voir chanter sur leur disque parce que c’est vraiment cool de pouvoir faire des choses différentes. Mais je n’en ferai probablement plus pendant un moment. Simplement faire mes propres trucs. Mais Napalm Death était une expérience incroyable parce que c’est l’un de mes groupes préférés. Lorsque j’avais 15 ans je suis allé les voir sur le “Campaign For Musical Destruction Tour” en 1993, et c’était l’un des shows les plus violent auxquels j’ai assisté, avec Carcass, Cathedral, Napalm Death, Brutal Truth, et la salle ressemblais à un énorme pit du début à la fin. Je me disais qu’un jour je devais appartenir à un groupe comme ceux-là et voir tout le monde devenir complètement dingue.

Considères-tu ton webzine jameyjasta.com, comme complémentaire de ton label, c’est à dire faire évoluer ce genre de musique?
Ouais, c’est simplement un autre moyen de pouvoir redonner. Je dois le mettre à jour. Il n’est vraiment plus à jour actuellement. J’ai besoin que quelqu’un m’aide. Le mec qui m’aidait dessus vient juste d’avoir une fille et il est très occupé en ce moment, il n’a donc pas vraiment de temps. Je vais bientôt avoir plus d’interviews, plus de reviews et plus de musique. Il va y avoir des téléchargements, des fonds d’écran, des icônes... Je vais en faire quelque chose de vraiment cool.

Quel est ton sentiment sur la scène hardcore actuelle?
Je suis vraiment content en ce moment avec des groupes comme First Blood, The Warriors et pas mal d’autres groupes qui arrivent, sortent de nouveaux albums et qui font des choses positives. Je suis content de voir aussi pas mal d’anciens groupes toujours présents. C’est cool de voir se mélanger des groupes comme Hoods, Shattered Realm avec Agnostic Front, Sick Of It All et Ignite. On se connaît tous depuis très longtemps, je me sens heureux d’en faire partie.

Y’a t-il d’autres groupes que tu nous conseillerais de découvrir?
Il y a de bons groupes dans le Connecticut. Il y a Brothers In Arms, ils sont en quelques sortes le nouveau gros groupe. En novembre dernier on a fait une tournée pour les 10 ans anniversaire d’Hatebreed. On a joué avec quelques bons groupes et j’ai été surpris de voir un tel engouement. Actuellement il y à une sorte de scène extrême tournée vers le death avec des groupes comme Suicide Silence et Job For A Cowboy. Mais il y a aussi pas mal de gens tournés vers le hardcore traditionnel. C’est bon de voir cette unité, avec des gens ouverts d’esprit et voir des groupes différents jouer ensemble.

Entre ton propre site et Headbanger’s Ball tu as certainement rencontré pas mal de légende. Qui t’a le plus impressionné ?
Probablement Metallica. J’étais nerveux à l’idée de les rencontrer... Et lorsque je leur ai parlé c’était vraiment cool de voir à quel point ils avaient les pieds sur terre. Se sont simplement des gars normaux.

Tu peux nous raconter un peu ton but lorsque tu as commencé à présenter Headbanger’s Ball ?
Simplement voir des clips diffusés et faire du changement. J’ai vraiment senti que les gens impliqués dans cette scène étaient frileux. Ce sont beaucoup de discours et peu d’actions. Tout le monde dit que MTV pue, que les grosses compagnies craignent et j’ai dis « Qu’allez vous faire pour changer les choses ? ». Je suis donc rentré là-dedans et j’ai commencé à jouer Agnostic Front, Madball, Sick Of It All, Sworn Enemy, alterné avec du Napalm Death, Bolt Thrower, Obituary... Je leur ai dis « Vous devez diffuser des groupes plus extrêmes ! C’est Headbanger’s Ball! ». Plus jeune, lorsque je regardais, il n’y en avait que pour Slaughter, Bon Jovi, Mötley Crüe et je n’aimais pas ces groupes. J’attendais la nuit entière pour voir ne serait-ce qu’un clip d’Entombed ou un clip de Morbid Angel, de Life Of Agony ou de Biohazard. J’ai pensé que nous devions le faire pour les kids afin qu’ils voient différents styles de musiques et pas seulement un genre. On montre donc de tout. On passe du powermetal avec Hammerfall, Manowar, Dragonforce, des trucs plus extrêmes avec The Red Chord et Voïvod. Cela montre tous les styles, les groupes font aujourd’hui carrière et cela s’est développé lorsque l’émission est revenue.

Est-ce que c’est toi qui choisi les vidéos?
Non je ne programme pas l’émission. Mais lorsqu’une vidéo sort, je m’assure qu’ils vont la jouer ou qu’ils vont présenter tel ou tel groupe. C’est donc cool. Lorsque je serai de retour vendredi, Shadows Fall sera invité, mais aussi Vinnie de Pantera. On a récemment eu pas mal de bons invités. On a aussi eu des groupes plus commerciaux, comme Atreyu et Avenged Sevenfold, les gens aiment ces groupes. Ils sont énormes aux States, on se doit donc d’avoir les deux. Mais avec un peu de chance quelqu’un qui aime ces gros groupes pourra se dire « Oh ! Je dois chopper cet album de Terror ou celui de First Blood ! » et par bonheur, essaiera de découvrir et d’ouvrir son esprit.

Tu as aussi un autre projet qui s’appelle “Kingdom Of Sorrow” avec Kirk de Crowbar/Down. Tu peux nous en dire un peu plus ?
L’album est presque terminé. C’était un album vraiment cool à faire. C’est un style totalement différent d’Icepick ou d’Hatebreed, plus lent, plus sludge, plus doom, avec des trucs mélodiques, j’ai fais des parties vocales plus douces. C’était fun ! Kirk est l’un de mes plus vieux bons amis. La première fois que j’ai vu Crowbar en 1996 il m’a traité comme un frère. C’est simplement un super mec avec les pieds sur terre, et avoir l’opportunité de bosser avec lui est un honneur.

Comment es-tu arrivé au hardcore?
J’ai eu de la chance, car j’avais un club à quatre pattés de maisons de chez moi. Lorsque je passais devant en voiture avec mon père ou ma mère, je voyais tous ces gens faisant la queue dans la rue, avec des punks, des skinheads, des hardcore kids, des straight-edge... Et donc un jour je suis passé devant, j’ai regardé à l’intérieur, j’ai entendu la musique et j’ai vu que tout le monde devenait barge. Le mec à l’entrée m’a dit, « C’est 6 dollars ! » Je suis donc rentré et j’en ai plus décroché depuis.

Comme on l’a dit, tu as beaucoup d’activités avec Hatebreed, tes projets parallèles, en tant que producteur, avec ton label, Headbanger’s Ball, ta marque de fringue... Ice-T est aussi un peu comme ça, et on a pu remarquer que sa musique devenait un peu moins bonne lorsqu’il a commencé à cumuler plusieurs activités. N’as-tu pas peur de cela ? Ne penses-tu pas que tu pourrais être encore meilleur si tu restais focalisé sur moins de choses ?
Ouais, c’est pour ça que j’ai délégué à Abacus de sortir mes disques, et j’ai maintenant un nouvel assistant personnel. J’ai un nouveau management pour ma marque de fringue (Hatewear), et pour tout le reste. Simplement parce que je ne veux pas que tout cela interfère dans le processus créatif des albums, c’est le plus important. Donc oui, j’y ai vraiment pensé, j’en fais trop, cela m’éloigne de la création elle-même.

Et peut-on imaginer comme étape suivante à ta carrière, le fait de devenir acteur ou quelque chose comme ça... Tu y as déjà songé ?
Non ! (Rires) J’ai fait quelques films mais je sais où sont les limites à ne pas franchir. Je me souviens que dans l’un d’eux je ne devais qu’attendre. C’était probablement les 500$ les plus facile que j’ai gagné. Mais ça n’en valait pas la peine. Je devais attendre genre 13 heures pour simplement dire « Je vais prendre la voiture ! » et c’est tout. Ma seule réplique dans le film. Toute la journée, toute la nuit à attendre, attendre et encore attendre... A attendre moi-même en fin de compte ! Quelle merde ! (Rires)

Pour terminer, on a pu voir sur ta page myspace, une photo de toi avec Sob (Guitariste de Merauder récemment assassiné). Tu aurais une histoire rigolote à nous confier qui se serait passé en sa compagnie ?
Et bien, une fois j’étais sur la route, on était supposé se rejoindre pour jouer avec Merauder. Ils ne se sont pas pointés et j’ai essayé d’appeler Sob pour voir ce qu’il se passait. Finalement lorsque j’ai eu son appel (trop tard) je me suis aperçu qu’ils ne s’étaient pas rendu à la bonne salle. (Rires) Ils pensaient que la date était annulée, ils étaient donc tous vraiment énervés. On a finalement pu jouer ensemble, on a même joué beaucoup ensemble vers 97/98. Ce n’était jamais des moments ennuyeux car à partir du moment où on montait sur scène, Sob aurait fracassé tout le monde pendant le concert, que ce soit 30 kids ou une centaine. Il voulait simplement faire flipper tout le monde. C’était rigolo de voir tous ces gens comme terrifiés.
Il y a pas mal de bonnes histoires comme celles-ci.

Interview Tattoo de Jamey

Interview Laureline, O.S & Manu
Traduction Nick Kryla/Manu