Quelles
sont vos impressions sur le concert d'hier soir ?
Kud
: C'était génial. On a passé une putain de bonne
soirée !
Gurrg : C'était assez énergique.
Kud : La foule devant la scène était déchaînée.
Je ne pouvais pas voir très loin dans la salle parce que j'avais
les lumières en pleine face. Je ne pouvais voir que les 12 premiers
rang à peu prêt, le reste disparaissait dans la pénombre.
Mais on s'est éclaté. Les fans sont assez similaires à
travers le monde tu sais. Ils sont très respectueux avec nous
et aussi très énergiques. De plus, je pense que nos fans
sont intelligents !
La
salle hier soir était plutôt petite. Est-ce que cela vous
rappel le début de votre carrière où vous jouiez
dans des clubs de tailles similaires ?
Kud
: Je pense que de jouer dans ce genre de salles plus petites,
vous aides à garder les pieds sur terre. Cela vous permet aussi
de vous souvenir de vos racines, de vos débuts. Parce que quand
vous débutez c'est dans ce genre d'endroit que vous évoluez.
C'est très intense, intime et personnel. Vous pouvez voir la
dernière personne dans le bâtiment, sauf si vous êtes
ébloui par les lumières ! (rires) En comparaison,
lorsque vous jouez dans des grands stades, après un certain point,
vous ne distinguez plus les têtes des gens. Et vous êtes
si haut sur scène...! C'est vraiment des sensations différentes.
Mais c'est toujours intéressant de jouer dans des stades ou dans
de gros festivals. D'un point de vu plus marketing, c'est toujours intéressant
de jouer dans ce type de gros évènements. Mais c'est définitivement
plus amusant de jouer dans des salles plus petites, comme hier soir.
J'y attache beaucoup d'importance, j'adore jouer dans ce genre d'endroits.
Vous
ne vous rappelez sûrement pas mais vous déviez jouer à
cet endroit déjà 3 ou 4 fois par le passé, et les
dates ont chaque fois étés annulées.
Gurrg
: Ouais, ces concerts ont été annulés 3 fois je
crois. A chaque fois que nous venions Kud était malade. Et il
ne pouvait tout simplement pas chanter. Vous savez, vous ne pouvez pas
faire un concert sans votre chanteur. C'était la faute à
personne, une fois que vous êtes malade dans un bus, tout le monde
devient malade. C'est pour cela qu'on a dû annuler ces dates.
Vous
avez donc finalement réussi à venir jouer ici !
Gurrg
: Exact, on y est arrivé. Je pense qu'on s'est racheté
pour toutes les fois qui ont été annulées.
Kud : On a joué de bons concerts ici. La dernière fois,
il y avait quelque chose comme 1000 personnes. On était très
surpris tu sais. C'est vrai que ça craint d'annuler des dates.
Mais c'est une réalité. Aux Etats-Unis, c'est plus facile
de reprogrammer une date qui a dû être annulée. Ici
en Europe, on est là à chaque fois que pour quelques semaines.
Donc si vous êtes malade, c'est foutu. Vous ne pouvez pas juste
simplement reprendre un avion pour revenir jouer, il faut faire venir
le matériel, et tout ça, c'est compliqué. Ca craint.
Personnellement j'ai horreur de laisser tomber les gens. J'ai horreur
de laisser tomber mon groupe, les fans. Mais mon instrument est à
l'intérieur de mon corps. Il n'y a pas grand-chose que je puisse
faire si je tombe malade. Je ne peux pas monter sur scène et
chier toutes mes parties. Je le fais déjà bien assez sans
être malade ! (éclat de rire)
Parlez
nous un peu plus de cette nouvelle tournée ?
Kud : Et bien, on a commencé aux US. On a joué environ
15 dates là-bas, et on a débarqué ici. Ce qui s'est
passé, c'est qu'on ne devait venir ici que pour donner des interviews.
Mais nous voulions vraiment mettre sur un pied d'égalité
l'Europe et les US, en montrant que vous êtes aussi important
à nos yeux. C'est donc pour cela qu'on a quand même décidé
de donner quelques concerts pour vous. Maintenant, nous sommes plus
concentrés sur l'importance d'être présent dans
le monde entier. On souhaite vraiment toucher l'Europe, le Japon, l'Australie,
la Nouvelle Zélande et d'autres pays. On veut s'étendre.
On ne veut pas seulement se contenter d'être un groupe américain.
Je pense que ça deviendrait vite ennuyeux. On va essayer de jouer
dans le plus de festivals qu'on pourra.
A
propos de vos concerts aux US, comment était-ce ? Comment les
gens ont réagis aux nouveaux morceaux ?
Kud
: Les concerts étaient vraiment géniaux. On a vraiment
passé du bon temps à jouer dans de petites salles. Comme
on le disait plutôt, ça nous rappelait les vieux jours,
vous voyez. Pour ce qui est des nouveaux morceaux, les gens se demandaient
un peu ce qui se passait quand on les jouait. Mais ça vient du
style de musique que nous jouons. C'est difficile de capter l'attention
des gens avec de nouveaux morceaux au début. Mais dans l'ensemble,
on a eu de bons retours.
Mudvayne
n'a pas autant de succès en France qu'aux US, cela vient sûrement
du fait que les jeunes trouvent votre musique trop technique et plutôt
froide. Comment décrieriez-vous votre musique à quelqu'un
qui ne la connaît pas encore ?
Kud
: Je pense que je dirai que notre musique est complexe et technique
! (rires) Je pense qu'il y a assez de musique fast-food
et simple. Ce genre de musique n'est pas pour nous. Ce que l'on aime
faire, c'est défier notre audience, sans être prétentieux.
Nous aimons lancer des défis à nos fans, en les faisant
venir à la table et en leur disant, voilà, c'est notre
musique. Tous ce que nous demandons, c'est d'y porter attention.
Votre
nouvel album " Lost and Found " n'est pas encore disponible.
Pouvez vous nous en parler ? Qui l'a produit ?
Kud
: Dave Fortman l'a produit. Il a travaillé avec Evanescence,
Superjoint Ritual, Ugly Kid Joe
Cette fois-ci, nous avions la
possibilité de travailler avec de nombreuses personnes. Nous
nous sommes donc offert le luxe de travailler avec quelqu'un d'autre.
Si vous travaillez tout le temps avec le même producteur, vous
jouez la sécurité en quelque sorte. Vous savez ce que
vous allez obtenir, vous savez déjà comment cela va sonner.
Et je pense que c'est un des points forts des albums de Mudvayne jusqu'à
présent, c'est qu'aucun ne sonne comme le précédant.
Tout simplement parce qu'ils ont tous un producteur différent.
Nous avons choisi Dave Fortman pour sa versatilité. Il est capable
d'enregistrer des groupes comme Evanescence et de passer ensuite à
du Superjoint Ritual. Nous voulions donc travailler avec quelqu'un qui
puisse produire du Mudvayne et non juste se contenter de mettre son
étiquette sur notre musique.
Qu'a-t-il
apporté à votre album ?
Kud
: Je pense qu'il a réussi à faire en sorte à ce
que l'album sonne vraiment de la même manière qu'un concert.
Le son des guitares et exactement celui que vous entendriez sur scène,
si vous étiez devant le baffle. On a littéralement juste
mis un micro devant le baffle, on a passé le tout dans une console
de mixage pour les niveaux et on a envoyé le tout tel quel direct
dans protools. C'est vraiment un son brut. En plus Dave est un putain
de bon mixeur. Notre album n'est pas extra produit. Il y a des éléments
brut à l'intérieur. Il n'y a pas de son bizarroïdes
et ce genre de merdes. C'est brut. Je pense que c'est cela qu'il a apporté.
Quel
message tentes-tu de faire passer à travers tes paroles ?
Kud
: Je pense que cet album est plus personnel. Il parle de toutes les
choses que nous avons vécu depuis que l'on est dans le business
de la musique. Vous savez, depuis ces 6 dernières années.
Ca parle du fait d'être un groupe mondial. Ca parle de toutes
les différentes pressions dont vous êtes victimes, du combat
que vous devez mener chaque jour pour garder les pieds sur terre et
rester concentré. Cet album aborde toutes ces idées.
Parlez
nous du vidéo clip de " Determined " votre nouveau
single.
Gurrg
: Ce n'est pas notre single en fait. C'est juste un morceau que nous
avons mis pour les fans. Le single de l'album s'intitule " Happy
". On a tourné la vidéo il y a deux semaines en Californie.
Kud : Vous pouvez aller sur notre site mudvayne.com et télécharger
la chanson "Happy " qui est le vrai single de l'album.
A
propos de ce morceau, " Happy ", c'est un morceau plutôt
mélodique. J'ai lu que votre album allait être plus mélodique
cette fois-ci. Mais ce que j'ai entendu hier soir, ne sonnait pas si
mélodique que ça !
(Kud
et Gurgg se mettent à rire)
Gurrg : Les gens ont leur propre opinion sur la manière dont
va sonner l'album. Certains espèrent qu'il sonnera plus mélo,
ils le voient donc déjà ainsi. Pour ma part, je dirai
que c'est 50/50. Il y a des morceaux avec des parties mélodiques
et heavy. Mais de là à dire que cet album sera mélo,
c'est incorrect. Cet album a aussi bien des gros riffs heavy que des
parties mélodiques. Je ne pourrai même pas dire comment
on devrait le qualifier. C'est juste du Mudvayne, c'est notre style
de musique.
Kud : je pense que le truc au sujet de notre musique, c'est qu'elle
ressemble à la vie. Elle bouge. A l'intérieur de nos morceaux,
il y a différents tempos, il y a du mouvement et du changement.
C'est comme dans la vie.
Au
moment d'entrer en studio, aviez vous des directions musicales que vous
souhaitiez suivre ?
Kud
: Absolument pas. On regarde Gurgg et on lui demande quels riffs il
a en magasin. Il se met alors à jouer ses riffs, on mixe un peu
tout ça et on voit ce qu'il en sort. On ne sait jamais vraiment
ce que l'on fait à l'avance. On essaye, on fait les choses ainsi.
On tente de se fixer des deadlines. On se donne 4 mois pour écrire
un album. Donc lorsqu'on y est, c'est un peu comme ça, ok, on
y va, on essaye de faire autant de choses que l'on peu.
"
LD 50 " (premier album) était plus biologique, avec des
ambiances médicales,"The End of all Things to Come"
était plus comme une bande originale d'un film de science-fiction.
Quelle est donc la couleur de ce nouvel album ?
Kud
: Eh bien je ne sais pas vraiment. C'est difficile pour moi de décrire
quelque chose comme ça, étant un des créateurs
de cet album. Il serait mieux de poser la question a quelqu'un qui a
écouté l'album et qui est extérieur à sa
création. Si tu avais écouté l'album, ce serait
plus une question que je te poserai à toi. Pour moi, c'est trop
difficile de répondre, ce serait prétentieux et bizarre.
Tu vois ce que je veux dire? C'est toujours difficile de décrire
ta propre musique.
Il
n'y a donc pas de concept ou ce genre de chose derrière cet album
?
Kud
: Réellement, je pense qu'il s'agit simplement d'évolution.
Il y a beaucoup de références à la mémoire,
et au fait de grandir. Cela parle des années d'adolescence, du
fait d'être un jeune adulte. Juste le fait de grandir et de changer.
Comme le fait d'être ce que nous sommes grâce à ses
expériences, ses souvenirs. C'est un peu une manière de
décrire les personnes que nous sommes tous devenus. S'il devait
y avoir un thème pour cet album, je pense que se serait celui
là. Il y a une chanson qui s'appelle " Forget to Remember
" c'est à propos de vos premiers souvenirs d'enfance. Quelle
est la première chose dont vous vous rappelez si vous remontez
très loin dans votre enfance? C'est une question intéressante.
Quel est votre premier souvenir qui vous définie? Quand vous
pensez à cela, ça aide à définir la personne
que vous êtes.
A
propos de la pochette de votre album, pouvez vous nous en parler ?
Kud
: Tu ne veux pas que je t'en parle...crois moi ! (ils se mettent
tous les deux à éclater de rire) Je pense que chacun
doit l'interpréter à sa façon.
Gurrg : C'est à vous de l'interpréter.
Kud : Honnêtement, je pense que c'est une des pochettes les plus
basiques que nous ayons jamais faites. Il n'y a pas de photos de nous
à l'intérieur. J'aime bien ça. Comme cela, nous
ne sommes pas catalogués. Vous pouvez toujours changer, ça
nous permet de pourvoir choisir de porter du maquillage ou non quand
on veux. Ca nous permet de faire ce que l'on veut. Je suis donc content
qu'il n'y ait pas de photos. Il y a une sorte de concept à l'intérieur,
mais c'est principalement très basique.
Il
y a beaucoup de DVD de Mudvayne. Avez-vous déjà pensé
à sortir un DVD qui n'aurait rien à voir avec la musique,
comme un film ou quelque chose comme ça ?
Kud
: Ce serait génial. J'aimerai vraiment faire quelque chose comme
ça. Je pense que c'est vraiment dans nos cordes. En fait, j'aimerai
sortir un DVD avec juste des bonus, de images de nous étant nous-même.
Une de mes vidéos favorites de tous les temps est celle de Pantera,
la numéro 3. Il n'y a pratiquement pas de live. Cette vidéo
dure 2 putains d'heures, et c'est juste eux à l'image, c'est
une des vidéos les plus marrantes qui soit. J'adore ça
parce que c'est hystérique. Une autre vidéo que j'aime
est celle de Cliff'em All. Elle est entièrement tournée
au caméscope. Ils ont sûrement dû récupérer
des images faites par des fans, et ont mis tous ça ensemble pour
promouvoir leur musique parce qu'à l'époque ils ne faisaient
pas de vidéo. J'aime cette idée, des images brutes. Je
ne sais pas, ça serait sûrement amusant à faire.
L'année
dernière, vous avez justement tourné avec Metallica pour
le Summer Sanitarium Tour. Avez-vous des anecdotes à ce sujet
?
Kud
: Heineken ! Je vais te dire mec. On jouait chaque jour à 3 heures
de l'après midi. A 3heures 30 on sortait de scène, et
dès 4 heures on était en train de boire. Chaque jour j'étais
complètement saoul. Et tout ça, parce que la Heineken
était gratuite. Elle coulait à flots. Sur chaque date
il y avait une grande pièce avec des tables de billard, de la
bouffe et bien sûr, de la Heineken. On jouait donc au billard
toute la journée en buvant de la bière. Je te promet j'ai
pris 7 ou 8 kilos sur la tournée, simplement en buvant de la
bière. Je ressemblais à Elvis à la fin de la tournée.
J'étais complètement explosé, gros et hideux à
la fin de cette putain de tournée. Ne touchez pas à la
Heineken les jeunes, c'est pas bon pour vous ! (éclat
de rires)
Nous souhaitons remercier Columbia records, Picca, Freajok et bien
évidement les membres du groupe pour leur extrême gentillesse.
Interview Alexis & Ben
Traduction Tataye
|