Mudvayne Interview
24/02/05 - Paris
Cette interview a été réalisé à Paris le 24 Février 2005.
Alexis a rencontré Kud et Gurrg.

Quelles sont vos impressions sur le concert d'hier soir ?

Kud : C'était génial. On a passé une putain de bonne soirée !
Gurrg : C'était assez énergique.
Kud :
La foule devant la scène était déchaînée. Je ne pouvais pas voir très loin dans la salle parce que j'avais les lumières en pleine face. Je ne pouvais voir que les 12 premiers rang à peu prêt, le reste disparaissait dans la pénombre. Mais on s'est éclaté. Les fans sont assez similaires à travers le monde tu sais. Ils sont très respectueux avec nous et aussi très énergiques. De plus, je pense que nos fans sont intelligents !

La salle hier soir était plutôt petite. Est-ce que cela vous rappel le début de votre carrière où vous jouiez dans des clubs de tailles similaires ?

Kud : Je pense que de jouer dans ce genre de salles plus petites, vous aides à garder les pieds sur terre. Cela vous permet aussi de vous souvenir de vos racines, de vos débuts. Parce que quand vous débutez c'est dans ce genre d'endroit que vous évoluez. C'est très intense, intime et personnel. Vous pouvez voir la dernière personne dans le bâtiment, sauf si vous êtes ébloui par les lumières ! (rires) En comparaison, lorsque vous jouez dans des grands stades, après un certain point, vous ne distinguez plus les têtes des gens. Et vous êtes si haut sur scène...! C'est vraiment des sensations différentes. Mais c'est toujours intéressant de jouer dans des stades ou dans de gros festivals. D'un point de vu plus marketing, c'est toujours intéressant de jouer dans ce type de gros évènements. Mais c'est définitivement plus amusant de jouer dans des salles plus petites, comme hier soir. J'y attache beaucoup d'importance, j'adore jouer dans ce genre d'endroits.

Vous ne vous rappelez sûrement pas mais vous déviez jouer à cet endroit déjà 3 ou 4 fois par le passé, et les dates ont chaque fois étés annulées.

Gurrg : Ouais, ces concerts ont été annulés 3 fois je crois. A chaque fois que nous venions Kud était malade. Et il ne pouvait tout simplement pas chanter. Vous savez, vous ne pouvez pas faire un concert sans votre chanteur. C'était la faute à personne, une fois que vous êtes malade dans un bus, tout le monde devient malade. C'est pour cela qu'on a dû annuler ces dates.

Vous avez donc finalement réussi à venir jouer ici !

Gurrg : Exact, on y est arrivé. Je pense qu'on s'est racheté pour toutes les fois qui ont été annulées.
Kud : On a joué de bons concerts ici. La dernière fois, il y avait quelque chose comme 1000 personnes. On était très surpris tu sais. C'est vrai que ça craint d'annuler des dates. Mais c'est une réalité. Aux Etats-Unis, c'est plus facile de reprogrammer une date qui a dû être annulée. Ici en Europe, on est là à chaque fois que pour quelques semaines. Donc si vous êtes malade, c'est foutu. Vous ne pouvez pas juste simplement reprendre un avion pour revenir jouer, il faut faire venir le matériel, et tout ça, c'est compliqué. Ca craint. Personnellement j'ai horreur de laisser tomber les gens. J'ai horreur de laisser tomber mon groupe, les fans. Mais mon instrument est à l'intérieur de mon corps. Il n'y a pas grand-chose que je puisse faire si je tombe malade. Je ne peux pas monter sur scène et chier toutes mes parties. Je le fais déjà bien assez sans être malade !
(éclat de rire)

Parlez nous un peu plus de cette nouvelle tournée ?

Kud : Et bien, on a commencé aux US. On a joué environ 15 dates là-bas, et on a débarqué ici. Ce qui s'est passé, c'est qu'on ne devait venir ici que pour donner des interviews. Mais nous voulions vraiment mettre sur un pied d'égalité l'Europe et les US, en montrant que vous êtes aussi important à nos yeux. C'est donc pour cela qu'on a quand même décidé de donner quelques concerts pour vous. Maintenant, nous sommes plus concentrés sur l'importance d'être présent dans le monde entier. On souhaite vraiment toucher l'Europe, le Japon, l'Australie, la Nouvelle Zélande et d'autres pays. On veut s'étendre. On ne veut pas seulement se contenter d'être un groupe américain. Je pense que ça deviendrait vite ennuyeux. On va essayer de jouer dans le plus de festivals qu'on pourra.

A propos de vos concerts aux US, comment était-ce ? Comment les gens ont réagis aux nouveaux morceaux ?

Kud : Les concerts étaient vraiment géniaux. On a vraiment passé du bon temps à jouer dans de petites salles. Comme on le disait plutôt, ça nous rappelait les vieux jours, vous voyez. Pour ce qui est des nouveaux morceaux, les gens se demandaient un peu ce qui se passait quand on les jouait. Mais ça vient du style de musique que nous jouons. C'est difficile de capter l'attention des gens avec de nouveaux morceaux au début. Mais dans l'ensemble, on a eu de bons retours.

Mudvayne n'a pas autant de succès en France qu'aux US, cela vient sûrement du fait que les jeunes trouvent votre musique trop technique et plutôt froide. Comment décrieriez-vous votre musique à quelqu'un qui ne la connaît pas encore ?

Kud : Je pense que je dirai que notre musique est complexe et technique ! (rires) Je pense qu'il y a assez de musique fast-food et simple. Ce genre de musique n'est pas pour nous. Ce que l'on aime faire, c'est défier notre audience, sans être prétentieux. Nous aimons lancer des défis à nos fans, en les faisant venir à la table et en leur disant, voilà, c'est notre musique. Tous ce que nous demandons, c'est d'y porter attention.

Votre nouvel album " Lost and Found " n'est pas encore disponible. Pouvez vous nous en parler ? Qui l'a produit ?

Kud : Dave Fortman l'a produit. Il a travaillé avec Evanescence, Superjoint Ritual, Ugly Kid Joe… Cette fois-ci, nous avions la possibilité de travailler avec de nombreuses personnes. Nous nous sommes donc offert le luxe de travailler avec quelqu'un d'autre. Si vous travaillez tout le temps avec le même producteur, vous jouez la sécurité en quelque sorte. Vous savez ce que vous allez obtenir, vous savez déjà comment cela va sonner. Et je pense que c'est un des points forts des albums de Mudvayne jusqu'à présent, c'est qu'aucun ne sonne comme le précédant. Tout simplement parce qu'ils ont tous un producteur différent. Nous avons choisi Dave Fortman pour sa versatilité. Il est capable d'enregistrer des groupes comme Evanescence et de passer ensuite à du Superjoint Ritual. Nous voulions donc travailler avec quelqu'un qui puisse produire du Mudvayne et non juste se contenter de mettre son étiquette sur notre musique.

Qu'a-t-il apporté à votre album ?

Kud : Je pense qu'il a réussi à faire en sorte à ce que l'album sonne vraiment de la même manière qu'un concert. Le son des guitares et exactement celui que vous entendriez sur scène, si vous étiez devant le baffle. On a littéralement juste mis un micro devant le baffle, on a passé le tout dans une console de mixage pour les niveaux et on a envoyé le tout tel quel direct dans protools. C'est vraiment un son brut. En plus Dave est un putain de bon mixeur. Notre album n'est pas extra produit. Il y a des éléments brut à l'intérieur. Il n'y a pas de son bizarroïdes et ce genre de merdes. C'est brut. Je pense que c'est cela qu'il a apporté.

Quel message tentes-tu de faire passer à travers tes paroles ?

Kud : Je pense que cet album est plus personnel. Il parle de toutes les choses que nous avons vécu depuis que l'on est dans le business de la musique. Vous savez, depuis ces 6 dernières années. Ca parle du fait d'être un groupe mondial. Ca parle de toutes les différentes pressions dont vous êtes victimes, du combat que vous devez mener chaque jour pour garder les pieds sur terre et rester concentré. Cet album aborde toutes ces idées.

Parlez nous du vidéo clip de " Determined " votre nouveau single.

Gurrg : Ce n'est pas notre single en fait. C'est juste un morceau que nous avons mis pour les fans. Le single de l'album s'intitule " Happy ". On a tourné la vidéo il y a deux semaines en Californie.
Kud : Vous pouvez aller sur notre site mudvayne.com et télécharger la chanson "Happy " qui est le vrai single de l'album.

A propos de ce morceau, " Happy ", c'est un morceau plutôt mélodique. J'ai lu que votre album allait être plus mélodique cette fois-ci. Mais ce que j'ai entendu hier soir, ne sonnait pas si mélodique que ça !

(Kud et Gurgg se mettent à rire)
Gurrg : Les gens ont leur propre opinion sur la manière dont va sonner l'album. Certains espèrent qu'il sonnera plus mélo, ils le voient donc déjà ainsi. Pour ma part, je dirai que c'est 50/50. Il y a des morceaux avec des parties mélodiques et heavy. Mais de là à dire que cet album sera mélo, c'est incorrect. Cet album a aussi bien des gros riffs heavy que des parties mélodiques. Je ne pourrai même pas dire comment on devrait le qualifier. C'est juste du Mudvayne, c'est notre style de musique.
Kud : je pense que le truc au sujet de notre musique, c'est qu'elle ressemble à la vie. Elle bouge. A l'intérieur de nos morceaux, il y a différents tempos, il y a du mouvement et du changement. C'est comme dans la vie.

Au moment d'entrer en studio, aviez vous des directions musicales que vous souhaitiez suivre ?

Kud : Absolument pas. On regarde Gurgg et on lui demande quels riffs il a en magasin. Il se met alors à jouer ses riffs, on mixe un peu tout ça et on voit ce qu'il en sort. On ne sait jamais vraiment ce que l'on fait à l'avance. On essaye, on fait les choses ainsi. On tente de se fixer des deadlines. On se donne 4 mois pour écrire un album. Donc lorsqu'on y est, c'est un peu comme ça, ok, on y va, on essaye de faire autant de choses que l'on peu.

" LD 50 " (premier album) était plus biologique, avec des ambiances médicales,"The End of all Things to Come" était plus comme une bande originale d'un film de science-fiction. Quelle est donc la couleur de ce nouvel album ?

Kud : Eh bien je ne sais pas vraiment. C'est difficile pour moi de décrire quelque chose comme ça, étant un des créateurs de cet album. Il serait mieux de poser la question a quelqu'un qui a écouté l'album et qui est extérieur à sa création. Si tu avais écouté l'album, ce serait plus une question que je te poserai à toi. Pour moi, c'est trop difficile de répondre, ce serait prétentieux et bizarre. Tu vois ce que je veux dire? C'est toujours difficile de décrire ta propre musique.

Il n'y a donc pas de concept ou ce genre de chose derrière cet album ?

Kud : Réellement, je pense qu'il s'agit simplement d'évolution. Il y a beaucoup de références à la mémoire, et au fait de grandir. Cela parle des années d'adolescence, du fait d'être un jeune adulte. Juste le fait de grandir et de changer. Comme le fait d'être ce que nous sommes grâce à ses expériences, ses souvenirs. C'est un peu une manière de décrire les personnes que nous sommes tous devenus. S'il devait y avoir un thème pour cet album, je pense que se serait celui là. Il y a une chanson qui s'appelle " Forget to Remember " c'est à propos de vos premiers souvenirs d'enfance. Quelle est la première chose dont vous vous rappelez si vous remontez très loin dans votre enfance? C'est une question intéressante. Quel est votre premier souvenir qui vous définie? Quand vous pensez à cela, ça aide à définir la personne que vous êtes.

A propos de la pochette de votre album, pouvez vous nous en parler ?

Kud : Tu ne veux pas que je t'en parle...crois moi ! (ils se mettent tous les deux à éclater de rire) Je pense que chacun doit l'interpréter à sa façon.
Gurrg : C'est à vous de l'interpréter.
Kud : Honnêtement, je pense que c'est une des pochettes les plus basiques que nous ayons jamais faites. Il n'y a pas de photos de nous à l'intérieur. J'aime bien ça. Comme cela, nous ne sommes pas catalogués. Vous pouvez toujours changer, ça nous permet de pourvoir choisir de porter du maquillage ou non quand on veux. Ca nous permet de faire ce que l'on veut. Je suis donc content qu'il n'y ait pas de photos. Il y a une sorte de concept à l'intérieur, mais c'est principalement très basique.

Il y a beaucoup de DVD de Mudvayne. Avez-vous déjà pensé à sortir un DVD qui n'aurait rien à voir avec la musique, comme un film ou quelque chose comme ça ?

Kud : Ce serait génial. J'aimerai vraiment faire quelque chose comme ça. Je pense que c'est vraiment dans nos cordes. En fait, j'aimerai sortir un DVD avec juste des bonus, de images de nous étant nous-même. Une de mes vidéos favorites de tous les temps est celle de Pantera, la numéro 3. Il n'y a pratiquement pas de live. Cette vidéo dure 2 putains d'heures, et c'est juste eux à l'image, c'est une des vidéos les plus marrantes qui soit. J'adore ça parce que c'est hystérique. Une autre vidéo que j'aime est celle de Cliff'em All. Elle est entièrement tournée au caméscope. Ils ont sûrement dû récupérer des images faites par des fans, et ont mis tous ça ensemble pour promouvoir leur musique parce qu'à l'époque ils ne faisaient pas de vidéo. J'aime cette idée, des images brutes. Je ne sais pas, ça serait sûrement amusant à faire.

L'année dernière, vous avez justement tourné avec Metallica pour le Summer Sanitarium Tour. Avez-vous des anecdotes à ce sujet ?

Kud : Heineken ! Je vais te dire mec. On jouait chaque jour à 3 heures de l'après midi. A 3heures 30 on sortait de scène, et dès 4 heures on était en train de boire. Chaque jour j'étais complètement saoul. Et tout ça, parce que la Heineken était gratuite. Elle coulait à flots. Sur chaque date il y avait une grande pièce avec des tables de billard, de la bouffe et bien sûr, de la Heineken. On jouait donc au billard toute la journée en buvant de la bière. Je te promet j'ai pris 7 ou 8 kilos sur la tournée, simplement en buvant de la bière. Je ressemblais à Elvis à la fin de la tournée. J'étais complètement explosé, gros et hideux à la fin de cette putain de tournée. Ne touchez pas à la Heineken les jeunes, c'est pas bon pour vous ! (éclat de rires)

Nous souhaitons remercier Columbia records, Picca, Freajok et bien évidement les membres du groupe pour leur extrême gentillesse.


Interview Alexis & Ben
Traduction Tataye



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