Sick Of It All Interview

Cette interview a été réalisée à Sélestat, en France le 4 août 2006.
Manu et OS ont rencontré Lou Koller (Chant).






 





Vous êtes actuellement en Europe. Alors ?...
... Ouais c’est le premier concert. On était en Amérique du Sud y’a 1 semaine. On a fait 3 concerts au Brésil, 1 en Argentine, 1 au Chili et 1 en Colombie. On a eu 7 jours off et on est venu ici.

Comment s’est passé cette tournée sud américaine?
Ah, c’était incroyable ! La dernière fois que nous sommes allés en Amérique du Sud était il y a 8 ans. Au Brésil c’était dément, l’Argentine est l’un des meilleurs endroits où jouer, et nous sommes allés au Chili et en Colombie pour la première fois et c’était vraiment excellent, c’était tout simplement incontrôlable.

Ils devaient vraiment vous attendre là-bas...
Ouais, c’était comme être dans un film de zombie. On se baladait dans la salle et il y a avait un monde hallucinant. Dès qu’ils nous voyaient ils s’attroupaient autour de nous. C’était assez flippant parfois...

On a vu sur le net qu’au Brésil et en Amérique du Sud, le hardcore était très populaire...
Oh que oui ! On y était y’a 8 ou 10 ans, c’était assez populaire et puis ça
s’est cassé la gueule mais il y a maintenant un regain d’intérêt. Ils ont
toujours eu leur scène mais ils nous disent qu’elle est de plus en plus
grosse.

Vous avez joué avec des groupes locaux là-bas?
Ouais nous n’avons joué qu’avec des groupes locaux, mais je ne sais pas comment prononcer leurs noms. On a joué avec tellement de groupes, il y en avait tellement de bons, c’est dingue !

Vous venez juste de sortir “Death To Tyrants”. Quel en a été l’accueil par les fans et les médias ?
Concernant les fans c’était excellent. Mais également en ce qui concerne les médias, ce qui est très bien. C’est bizarre, avec tous les disques qu’on a sortis sur Fat, les critiques les ont toujours aimés, mais pour ce qui est de nos fans, pour divers raisons, ça a toujours été assez varié concernant les retours. Certains d’entres eux les aimaient, d’autres n’aimaient pas le fait qu’ils sortent chez Fat Wreck Chords. Puis nous avons quitté Fat et nous sommes maintenant sur Century Media ici en Europe, et tout le monde semble aimer la direction dans laquelle nous sommes allés avec “Death To Tyrants”, qui était plus un retour aux sources.
Nous avons ajouté ce que nous avons appris au fil des années, en expérimentant et en y ajoutant notre son originel. Nous sommes de retour avec un album que nous pensons être très solide. Nous voulions qu’il soit solide car il sort cette année, année de notre 20ème anniversaire.

Nous pensons effectivement que “Death To Tyrants” est l’album le plus solide de Sick Of It All. Il est catchy, les chansons sont intéressantes et les textes possèdent des messages peut-être plus forts que ceux de “Life On The Ropes”. Penses-tu que ce nouvel album soit les racines de Sick Of It All ?
Ouais, comme je l’ai dit nous avons apporté ce que nous avons appris, ce que nous avons expérimenté durant toutes ces années, et nous voulions revenir à un hardcore direct. Nous avons simplement mélangé tout ça et on en est très fier.

Dans le livret on peut y lire des phrases de Marshall McLuhan, et William Lloyd Garrison. Tu peux nous en dire plus sur eux et sur les messages ?
Le truc, c’est que nous ne connaissons que quelques phrases de ces gens. Je ne connais pas toute leurs histoires. Je savais que cette question allait tomber et je n’arrêtais pas de me dire que « je devais en lire plus les concernant ». Et je ne l’ai jamais fait. On voulait simplement des témoignages forts contre la tyrannie, et on avait des tonnes de phrases de personnages importants de l’histoire, et nous aimions simplement la façon dont celles-ci sont faites.

Est-ce que le nom de l’album est une allusion à George Bush?
Tout le monde peut l’appliquer à l’endroit où il vit. Nous voulions simplement faire un état des lieux fort : il est temps de faire du changement. Nous n’appelons personne à aller tuer le président ou peu importe le chef d’Etat. C’est plus un essai de changement. Je pense finalement qu’aux Etats-Unis, les gens commencent à voir que l’administration se fout d’eux, et qu’ils n’en ont rien à branler des gens.

Tu peux justement nous en dire plus sur les textes?
C’est très politique. On a toujours eu des chansons politiques mais c’était simplement un ressenti des dernières années. Tout est sorti sur cet album, c’est comme un appel au réveil. Nous avons écrit selon notre position, en tant qu’Américain, mais encore une fois, la plupart des gens peuvent les appliquer à leur vie, n’importe où. Sur cet album, le message est beaucoup plus clair. On verra ce que sera le prochain mais il sera encore plus brutal.

Et vous avez décidé de travailler avec Tue Madsen cette fois. Pourquoi vouliez vous bosser avec lui ?
On cherchait un bon producteur. Ca devait être Zeuss, qui a travaillé avec Hatebreed, Madball et je crois qu’il a fait le dernier Terror. Il voulait travailler avec nous et nous y avons pensé, mais le timing n’était pas bon. Il était très occupé lorsque nous étions libres, et lorsque qu’il était prêt nous devions partir en tournée. Mais nous aimions le travail de Tue Madsen avec The Haunted, Born From Pain, nous aimons son son. Il est venu nous voir et nous a dit qu’il aimerait bien bosser avec nous. Il est venu nous voir en concert en Europe histoire de voir ce que nous étions sur scène. Il a dit : « Lorsque vous aurez besoin de moi, je mets tout de côté et je prends un avion pour les States ». On a donc fait ça avec lui. Nous sommes devenus potes et je pense qu’il a fait du bon boulot. Et nous parlons de faire le prochain ensemble.

Penses-tu que ce nouvel album sonne du coup plus “metal”?
Ouais. Il nous a apporté ce dont nous avions besoin, un son plus gros, plus dur. On a essayé de le faire nous-même sur “Life On The Ropes”. Mais il en est ressorti brouillon. Je n’aime pas le son mais j’adore les compos. Nous verrons ce qu’il se passera pour le prochain. Nous n’avons pour le moment pas les idées bien claires sur ce que nous avons fait sur “Death To Tyrants”. Nous devons prendre du recul.

Comme tu l’as dit vous êtes passé de Fat Wreck à Abacus/Century Media. Pourquoi ce choix ?
Nous sommes restés chez Fat les 6 ou 7 dernières années, ils nous ont bien traités, bien payé et ceux sont de très bonnes personnes avec qui bosser, mais ils ne savaient pas comment être proche de la scène hardcore et nous perdions des opportunités. On était satisfait, il n’y avait pas le feu, pas d’étincelles entre nous, mais nous avions vraiment besoin de faire un changement pour être de nouveau excité. Chez Fat tout était facile : « Vous voulez faire un nouvel album ? Voilà de la tune ! Faites ce que vous voulez ! ». Et nous avons toujours été bien payés avec les royalties mais ce n’était pas excitant. Nous voulions du changement. Abacus commençait tout juste et nous aimons des groupes de ce label et certaines de leurs idées. Nous savions que nous allions travailler avec Century Media en Europe. C’est quelque chose à laquelle nous avons toujours pensé et tout est arrivé au bon moment.

Ils ont Ignite, Backyard Babies, beaucoup de styles différents...
Sworn Enemy aussi... C’est un bon mixe de groupe.

Vous vouliez avoir le sentiment d’un nouveau départ ?
Ouais ! Je pense que ça se sent sur l’album, à quel point nous étions motivés par l’écriture.

Vous êtes reparti pour 20 ans !
(Rires) Ouais !

Sur la chanson “Forked Tongue”, Freddy de Madball est en guest. Tu peux nous raconter l’histoire derrière ce featuring ?
Madball est pour nous notre groupe hardcore préféré. Lorsque Madball a commencé c’était assez drôle, les mecs de H2O, de 25 Ta Life... étaient sur scène, Pete et moi étions dans le pit entrain de dancer. Je suis trop vieux maintenant... Mais quand Madball jouait, on était les premiers dans le pit avec Pete, on devenait dingue, on passait du bon temps. Tout le monde était sur scène et nous étions dans ce putain de pit. Madball est vraiment notre groupe préféré...
On a toujours voulu faire quelque chose avec Freddy et par malchance ils étaient en tournée au moment de l’enregistrement. Mais ils devaient jouer à New York le lendemain, et ils ont eu un day-off. Freddy est venu au studio. Sa femme était malade, il n’avait qu’un day-off à New York mais il est quand même venu pour faire ses prises, on a passé du bon temps et le soir d’après on est allé voir Madball. Ca s’est bien goupillé.

Et vous allez tourner prochainement avec Madball...
Ouais en novembre et décembre, je pense qu’on doit faire une tournée ensemble.

Mais à priori il n’y a pas de dates en France, il semblerait qu’il y ait un problème de promoteurs sur les tournées organisées par MAD...
On a bossé avec MAD il y a plusieurs années de 1992 à 1995 ou 96. Puis nous les avons quittés et nous avons essayé plusieurs agence de booking. Autant que de labels. Nous savons qu’il y a des problèmes avec MAD mais c’est un lien familial. Nous savons qu’il y a des problèmes, et que des erreurs sont commises, mais on leur donne le bénéfice du doute. On a grandit ensemble dans cette scène.

Il semblerait qu’il y est une forte demande à vous faire jouer actuellement...
Nous n’avons pas fait de tournée en club sur ce nouvel album, nous ne sommes là que pour faire les festivals. C’est pourquoi nous revenons en France en novembre même sans Madball. J’aurai aimé que Madball puisse être là, ça aurait été énorme !

Et vous avez déjà tourné avec Madball par le passé?
On a fait des shows mais jamais de tournée complète, ce qui est vraiment étrange! J’aurai souhaité qu’il y est plus de concerts, il n’y a dû y avoir que 8 ou 10 shows avec Madball.

La dernière fois que nous avons rencontré Freddy on lui a demandé ce qu’il pensait de certains groupes de hardcore. Concernant SOIA, il a dit :
« L'un des groupes les plus important en provenance de New-York, avec Agnostic Front et des groupes comme ça. Ils ont définitivement aidé à faire apparaître New-York sur la carte, et c'est un des meilleurs représentants du New-York hardcore, l'empire du New-York hardcore. Ils sont devenus légendaires, définitivement un groupe que j'adore, un groupe qui a contribué à l'essor du hardcore avec Agnostic Front, et maintenant avec nous etc, etc.... Si vous êtes dans le hardcore et que vous ne connaissez pas Sick Of It All, vous avez des problèmes... »
Wow ! C’est cool ! C’est excellent! “Si vous êtes dans le hardcore et que vous ne connaissez pas Sick Of It All, vous avez des problèmes... » (Rires)
C’est très sympa, je suis flatté!

Peut-être seras-tu à ton tour en guest sur le prochain album de Madball...
J’aimerai bien ! Ca sera un putain de truc ! “Legacy” leur dernier album est un album incroyable. J’espère qu’il les a aidé, je sais que ça marche plutôt bien aux States. Ils ont fait pas mal de concert avec des groupes de metal, ils ont donc joué devant beaucoup de gens. C’est quelque chose que nous faisions mais plus depuis un petit moment. Nous sommes dans une situation étrange : on a u nom bien implanté mais on ne ramène plus personne en dehors de la scène hardcore aux Etats-Unis. On a toujours quelques fans de metal qui viennent nous voir bien sûr, mais pour les tournée ils nous veulent toujours en tête d’affiche. On peut le faire mais gagne t-on de nouveaux fans ? Nous voulons évoluer ! Beaucoup de groupes de métal ne veulent pas tourner avec des groupes de hardcore car les groupes de hardcore sont beaucoup plus excitant sur scène, il y a plus de mouvement. Regardez Lamb Of God par exemple, c’est un très bon groupe, qui fait de la très bonne musique mais sur scène il n’y a pas beaucoup de présence, ils ne font que secouer la tête et le chanteur est statique. Beaucoup de groupes ont peur si tu mets en ouverture des groupes comme Madball ou Sick Of It All. Par exemple, les mecs de Rancid qui sont de très bons potes, nous ont dis : « On déteste jouer après vous les gars ! On doit vraiment se défoncer ! »

Aurais-tu une explication sur le fait que le hardcore est en pleine expansion mais aussi que Madball et Sick Of It All ont sorti leurs meilleurs albums ?
On le devait ! Il y a beaucoup de jeunes groupes qui arrivent. On devait montrer à tout le monde que nous étions toujours au top. C’est dur car ces jeunes groupes arrivent et font des trucs incroyables, partout dans le monde. Lorsque nous étions en Amérique du Sud il y avait un groupe dont le nom en portugais signifiait « Hatred ». C’est un putain de groupe avec un côté un peu metal mais clairement hardcore, et le tout était mixé de façon excellente et c’était très original. En début d’été nous étions en Bulgarie et je ne me souviens pas non plus des noms, mais encore une fois il s’agissait d’une nouvelle génération de très bons groupes. Avec un peu de chance ils tourneront ailleurs qu’en Europe de l’Est, qu’ils viendront en Allemagne, en France et que tout le monde puisse les voir.

Tu n’es pas trop fatigué par les tournées et la conception des albums ?
On a prie un bon moment pour se poser et écrire “Death To Tyrants”, on est maintenant excité d’être à nouveau sur la route. Après “Scratch The Surface” et “Built To Last” et certains autres albums, on tournait pendant 11 mois et on ne se posait que quelques semaines. On faisait des festivals la plupart du temps, on devait donc voler jusqu’en Allemagne pour 2 semaines puis retourner à la maison pour 3 semaines et reprendre un vol pour l’Amérique du Sud pour 1 semaine, puis on rentrait à nouveau pour 1 semaine... Maintenant nous venons ici pour 1 mois...

Tu connaissais sûrement Sob (ancien guitariste assassiné de Merauder), aurais-tu une anecdote marrante à nous confier le concernant ?
On le connaissait depuis des années ! On a grandit ensemble. Je me souviens simplement du fait de l’avoir vu grandir au fil des années, voir ses cheveux pousser... Il prenait toujours du bon temps, il souriait tout le temps, c’est ce dont je me souviens.

Est-ce quelque chose de particulier que de jouer avec Agnostic Front aujourd’hui ?
Ouais ! C’est vraiment excitant de voir nos potes que nous n’avons pas vus depuis quelques temps. On a fait une tournée aux States avec Hatebreed, Agnostic Front, Madball et Chimaira, le groupe de métal. C’était vraiment cool d’être en tournée avec eux.

Tiens justement tu as entendu le nouveau Hatebreed?
Non pas encore, j’ai juste entendu une chanson du nouveau Terror. J’ai bien aimé. Je n’ai rien entendu d’Hatebreed, je sais simplement qu’ils ont un single appelé « To The Threshold », mais je ne l’ai pas encore entendu.

C’est un bon album. Et tu as entendu l’album d’Icepick ?
Ils étaient supposés venir avec nous sur cette tournée mais Jamey avait des trucs à faire avec Hatebreed. J’aurai bien aimé, ça aurait très cool. Ezec a dit à MAD qu’il voulait être dans le bus de Sick Of It All. Il était roadie pour nous par le passé sur sa première tournée en 1993. On l’a emmené à travers tous les States, c’était cool !


Interview O.S. & Manu
Traduction Manu



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