Sick Of It All Interview

Cette interview a été réalisée à Paris, en France le 28 janvier 2010.
Pierre et OS ont rencontré Armand (Batterie).



Avant de commencer, il est important de vous demander ce que cela fait d'avoir le nom de votre groupe inscrit en grandes lettres rouges à l'entrée de l'Olympia ?

Oh, je n'ai pas encore eu le temps de sortir, je l'ai aperçu en arrivant. C'est clair que je dois y aller et prendre une photo. Mais vous savez, je dois avouer que je ne connais pas très bien cet endroit. Je devrai en savoir plus. Je sais qu'Edith Piaf a rendu cet endroit célèbre dans le monde entier. Les Beatles ont joués dans cette salle, et pleins d'autres grands artistes.

Ce soir vous ouvrez pour les Dropkick Murphy's, combien de dates faites vous avec eux ?

Je crois qu'en tout nous les suivons sur 9 dates. Nous avons pas fais de concerts en ouvertures en Europe depuis très longtemps. Je pense même que c'est une première pour nous en Europe. Nous avons beaucoup tournés avec eux aux Etats-Unis mais jamais ici. Ca fait un moment que nous voulions le faire ici car ça marche vraiment bien aux US. Je pense qu'ils aiment le fait que nous soyons agressif et que nous chauffons bien le public. Je pense vraiment que les 2 groupes se complètent ainsi. Certains de leurs fans ne comprennent pas très bien notre musique mais le côté agressif le chauffe bien !

Combien de temps allez-vous jouer ce soir ?

45minutes. C'est une bonne durée pour nous. J'aimerai que plus de concerts hardcore puissent être un peu plus cours. Certaines fois, quand vous voyez un groupe, peu importe quel style de musique ils jouent, une fois que vous dépassez la marque d'une heure, vous commencez un peu à vous ennuyer. C'est ce que je pense personnellement, peut être est ce du à mon manque d'attention ! Donc j'aimerai, même quand nous sommes en tête d'affiche, que nos sets soient un peu plus cours. Vous pouvez ainsi les rendre plus intenses, plutôt que de broder pendant des heures. Certaines fois, on nous demande de jouer 1h30, je pense que l'énergie n'y serait plus. C'est trop pour l'audience de rester dans le show si longtemps. Je pense que c'est la même chose en métal. Les Dropkicks eux jouent plus longtemps. Mais certaines de leurs chansons sont très mélodiques. Elles ont différentes dynamiques, c'est plus varié. Ils ne se contentent pas de jouer des chansons au tempo soutenu ! Ils cassent les rythmes et ont tout un panel d'ambiances qui rendent leurs shows plus entrainants.

Quelques jours plus tôt vous étiez à Montpelier et vous avez joué des chansons du nouvel album, allez vous en jouer ce soir ?


Oui, on joue 2 nouvelles chansons chaque soir.

Parlez nous un peu de ce nouvel album intitulé " Based on a true story " (basé sur une histoire réelle) ? Que signifie ce titre ?

Ce titre est tiré d'une des chansons de l'album. Elle raconte l'histoire de certains de nos amis avec lesquels nous avons grandis, qui viennent du même milieu que le notre, et qui ont choisi, à un certain moment, un chemin différent du notre et ont mal tournés. Ils sont devenus des criminels, ils trainaient avec de mauvaises personnes sans réfléchir à ce qu'allaient devenir leurs vies. Et pour nous c'est un sentiment bizarre, car nous n'avons jamais voulu ça pour nous, nous ne voulions pas suivre ce chemin. On voulait des choses positives vous savez. Et c'est toute l'idée de ce titre. Nous ne disons pas que le groupe Sick Of It All est basé sur une histoire réelle, bien que nous aimons à croire que nous sommes des personnes authentiques. On ne parle pas d'un monde fantaisiste. On écris toujours sur des fais réels. Mais ce titre en particulier à avoir avec cette chanson, qui parle de personnes réelles, ayant vécues de vraies vies et qui ne sont malheureusement plus avec nous.

Cela va-t-il être le thème général de tout l'album ?

Non. Nous n'avons jamais vraiment fait d'album concept. Bon " Death to Tyrans " s'en rapproche un peu, à cause de la situation politique. Il y avait donc quelques chansons qui parlaient de cela, vous savez, l'administration Bush, et ce que pensait l'Amérique de tout ça. C'était un peu différent. Mais cette fois ci, chaque chanson à son propre message.

Cet album va-t-il parler de l'élection du président Obama ?

Il y a une chanson intitulée " Good cop " qui parle d'Obama. Parce que chaque fois que vous voyez un policier, vous avez toujours celui qui est un peu rude, et un autre qui a toujours le sourire, comme dans les films. C'est le sentiment que l'on a avec Obama. Il représente le même vieux système, mais avec un visage différent. Mais en fait, c'est toujours la même chose qui se répète encore et encore. Toute l'idée de changement, nous ne pensons pas que cela va arriver pour les américains.

Quand il a été élu, en France nous avions le sentiment que tout le monde chez vous était très enthousiaste d'un tel résultat. Après quelques temps, avez-vous remarqué de réels changements ?


Le seul changement que j'ai remarqué c'est que les gens sont maintenant beaucoup plus ouverts à s'afficher en tant que raciste. Vous savez, il y a tellement de personnes contre Obama, que vous vous demandez pourquoi ils haïssent ce gars autant. Qu'a-t-il fait pour mériter tant de haine ? Vous êtes rapidement amené à penser que toute cette haine qui se déverse sur lui n'est en fait que du racisme à l'état brut. Donc beaucoup d'américains ont montrés leur vrai visage et à quel point ils pouvaient être mauvais après cette élection.

Nous avons entendu dire, qu'il était en train de réformer le système de santé américain. Pensez-vous que cela va être difficile de faire évoluer les choses ?

Je pense que le problème aux Etats-Unis est que les corporations dictent les actions du gouvernement. Ca a toujours été le cas je pense. Les guerres ont toujours débutées pour que ces corporations puissent gagner de l'argent et avoir ce qu'elles désirent. Au moins les compagnies américaines. Comme à l'époque de l'impérialisme, les compagnies américaines prennent ce qu'elles veulent en faisant appel à l'armée. Et en quelque sorte, le gouvernement est manipulé par ces corporations, et le peuple est manipulé par le gouvernement qui leur fait croire que tout ce qui se passe est pour leur propre bien. Dans la réalité, ça ne sert uniquement qu'à apporter un certain style de vie, vous savez, conduire vos grosses voitures qui consommes énormément d'essence, et ne pas s'en soucier. Ils veulent que les gens aient cette mentalité de consommation où ils pensent qu'ils peuvent vivre bien au delà de leurs moyens. Ils donnent une fausse idée de la manière dont les américains devraient vivre.

Donc vous dites que rien n'a changé. Mais durant vos voyages à travers le monde, avez-vous remarqué une différence dans la manière dont les gens perçoivent les américains après cette élection ?

C'est la première fois que je remarque une sorte de bon sentiment envers les américains. Avant vous n'auriez jamais vu un t-shirt avec la tête d'un président dessus. Mais maintenant il y a tout un marketing autour de lui, cela viens aussi du fait de la question raciale, beaucoup de pays voient en lui un moyen de booster leur groupe ethnique. D'un point de vue éthique, les gens se sentent un peu fier. Et c'est une bonne chose. J'étais prêt pour que Jessy Jackson soit président dans les années 80. Je pensais qu'il était vraiment cool il y a déjà 30 ans.

Ne penses tu pas que c'est un peu comme dans le milieu du show-business, en façade tout est beau, mais en coulisse, rien ne change vraiment ?

Je ne voie pas les choses changer. Le fait que le système américain soit basé sur un fonctionnement à 2 partis, là est le vrai problème. Car peut importante qui soit le plus gros, ils auront toujours le contrôle sur ce qui se passe. S'il n'y a pas de meilleures chances pour au moins un troisième partie de rentrer dans la course, et ainsi de donner du challenge aux deux autres, malheureusement rien ne changera. C'est pour cela que je vote toujours indépendant. J'ai toujours envie de voir un troisième parti mettre un peu de piment dans tout ça. Mais les démocrates et les républicains ont une telle main mise sur le paysage politique, à cause de tout leur argent et du pouvoir qu'ils ont sur les médias, que cela semble impossible pour un troisième parti d'avoir le moindre impacte.

A propos du nouvel album, qui l'a produit ?

Tu Madsen, la même personne que pour l'album précédent, Death to Tyrans. Mais cette fois ci nous sommes allé l'enregistrer chez lui au lieu de le faire venir à New York. On est donc partis au Danemark enregistrer à Copenhague. C'était juste à côté de l'endroit ou Metallica a enregistré Master of Puppets et ride the Lightning. Nous pensions que cela aiderait à mettre de l'ordre dans nos idées !! (éclat de rire)

En quoi cela a-t-il été plus profitable pour vous de faire le déplacement plutôt que de le faire venir à New York ?

Eh bien déjà au niveau financier, ça c'est révélé être bien moins cher. Il ne facture pas autant quand il travail dans son propre pays. Ca a donc été un plus pour nous. Sinon c'est sur que nous aurions préférés rester à NY parce que je préfère être avec ma famille tout les soirs, au lieu de ça, j'ai passé 3 semaines au Danemark.

Vous avez choisi la même personne car vous aimiez le son de l'album précédent ?

Bien sur pour le son ! Il comprend ce qu'il faut faire dans le hardcore. Et je ne parle pas juste de Sick Of It All, tous les autres groupes de hardcore que je ai entendu et sur lesquels il a travaillé, son boulot est fabuleux. Il sait retranscrire cette énergie dont la musique a besoin. Je ne sais pas ce qu'il fait vraiment, mais il y a une grosse différence avec toutes les autres personnes avec qui nous avons collaborées précédemment.

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?


Nous devons attendre que l'album sorte. C'est assez dur car la prochaine tournée que nous avons est en Angleterre en première partie de AFI. Ca va être intéressant de voir comment leur public réagis à notre musique. Car jouer avec eux aux Etats-Unis c'est un peut tout ou rien. Certains soirs sont vraiment super et d'autres, le publique nous regarde comme si nous venions d'une autre planète. Mais ca va être intéressant, et surtout nous allons avoir l'occasion de jouer devant des audiences importantes, et donc on espère gagner de nouveaux fans. On essaye d'aller voir un peu au delà du public hardcore.

Et quand va sortir l'album ?


Le 20 avril. C'est ce qui est prévu pour l'instant. Mais on verra. Cela dépend, nous n'avons toujours pas vu la pochette finale. Donc s'il y a un problème nous allons devoir considérer une sortie en Mai. Espérons que ce soit bon !!!

Avez-vous au moins entendu le master définitif ?

Oh oui !!! Il sonne vraiment très bien, très puissant, agressif. Je pense que si vous avez aimé le précédent, vous allez adorer celui là. Je pense qu'il est plus consistant.

Donc il sera sorti pour que vous puissiez faire les gros festivals cet été ? Vous serez présent au Hellfest mais allez vous faire d'autres dates en France ?

On pense faire une tournée en tête d'affiche au printemps. Nous ne savons pas encore avec qui nous tournerons. Mais j'ai le sentiment que ce sera soit une tournée au printemps, soit attendre et faire le Persistence Tour une nouvelle fois. Je ne sais pas. Qu'en pensez-vous ? Que devons nous faire ?

Vous devez faire les 2 bien sur !!! Le Persistence est très bien car il attire du monde, mais en France, il n'y a qu'une date à Paris.

Notre tourneur, MAD, est allemand, c'est eux qui organisent le Persitence. Peut être pensent-ils que d'autres dates en France pour cette tournée ne sont pas nécessaires. C'est notre gros problème actuellement. Peut être n'y aura-t-il pas d'autres dates en France. C'est pour cela que pour nous, il serait plus intéressant de faire notre propre tournée. Nous adorons faire des dates en France, comme en Espagne, chose que nous ne faisons pas sur le Persistence. C'est principalement juste l'Allemagne et le Benelux. C'est la grande discussion actuellement. Mais si nous faisons notre tournée, ce sera en Septembre ou Novembre, quelque chose comme ça.

Donc il va falloir attendre l'album, puis le Hellfest, et ensuite nous verrons bien…

Oui. Quand vous sortez un album, c'est comme si tout recommençait. Il y a tellement de pays dans lesquels nous devons retourner jouer maintenant. Nous avons ouvert le marché de l'Europe de l'est avec le précédent album. Nous sommes attendus en Slovénie, Croatie, Roumanie et en Grèce. Nous avons joués dans ces pays pour la première fois en soutiens de notre dernier album. Nous devons poursuivre cela. Mais ce sera une tournée différente car sinon nous devrions être présents pendant plus de 2 mois et personne ne souhaite cela. Et nous devons aussi tourner chez nous. Nous devons donc réussir à tout faire. Nous allons pétré très occupés. Mais nous l'avons déjà fait auparavant. C'est la vie que nous avons choisie. Mais les voyages sont durs. Même lorsque nous étions plus jeunes. Et maintenant je suis un père de famille, j'ai une femme et 2 enfants. Lou va avoir un bébé en Mai. Ca va forcement influencer sur nos tournées estivales. Il ne va pas vouloir voyager trop longtemps. Faire quelques concerts par ci, par là, pour qu'il puisse être chez lui et aider sa femme avec le bébé.

Cela doit être de plus en plus difficile de partir en tournée avec les engagements familiaux ?

Oui. Au moins pour moi, mes deux parents sont maintenant à la retraite. Ils peuvent donc maintenant nous aider. Mais avant c'était plus compliqué. Car lorsque j'étai parti en tournée, ma femme devait tout faire toute seule. Et maintenant qu'elle travaille, mes parents apportent une aide incroyable

Bonne chance pour votre album et vos tournées, et merci pour votre temps !

Interview O.S. & Pierre
Traduction Pierre



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