VOIVOD Interview

Cette interview a été réalisé en Mai 2006.
Caroline a rencontré
Michael Langevin (Away) Batteur.


Comment se passe la promotion de « Katorz » ?
En fait c'est excellent, on fait des interviews, on a commencé à Londres hier et on s'en va en Italie, Espagne, Allemagne. On a déjà couvert les Etats-Unis Jason et moi, et là Snake et moi on fait l'Europe et ça se déroule très bien, beaucoup de bons commentaires sur l'album donc je suis content.

Par rapport à votre discographie où se situe ce nouvel album?
En fait c'est beaucoup plus une continuité du dernier que de n'importe quel autre album, parce que Jason a une influence très forte au niveau de son jeu de basse, c'est un peu comme pour Black Sabbath. On avait tendance, surtout dans les années 80, à changer de rythmes à chaque mesure, c'était un peu chaotique. Avec Jason c'est beaucoup plus orienté sur le groove, donc c'est un peu similaire au dernier « Voïvod » de 2003, mais celui-ci est beaucoup plus inquiétant.

Avec « Katorz », avez-vous plus que jamais voulu prouver que Voivod était toujours ce « seigneur vampire invincible et immortel » ?
Euh, en fait, invincible on pourrait le dire, car c'était un peu un miracle de pouvoir achever le process, c'est un peu un caractère persévérant.

Piggy (guitariste décédé) était très prolifique question composition. Avez-vous une fois encore exploité certains de ses enregistrements sur « Katorz » ?
Ouais, en fait, on s'est servi de ses pistes de guitares enregistrées avant qu’il quitte ce monde. En 2004 on avait composé 23 chansons avec Jason à San Francisco, donc Piggy les a perfectionnées sur son ordinateur portable avec le programme ProTools, c’était donc enregistré de façon professionnelle, on a pu donc utiliser ces pistes, on a commencé par 12 chansons, je pense que l'on va terminer en 2007.

Quel est ton regard sur vos 22 ans de carrière ? Et par rapport à ce que tu es maintenant?
Il y a eu tellement de changements ! La culture dans Voïvod a beaucoup d'influences mais cela reste du Voïvod. Il y a eu plusieurs périodes différentes où l'on a poussé l'expérimentation psychédélique, puis on revenait à nos racines hardcore, puis on retournait dans le psychédélique... Parce qu’on a beaucoup d'influences rock progressif, car au Québec c'était très fort dans les années 60, on a un peu grandit là-dessus, donc ça a tout le temps été un mélange de punk, de progressif et de métal au fil des années, il y a des albums qui sont plus punk, d’autres plus métal, d'autres plus psychédélique, ou progressif. Je dirais donc que pour la première fois c'est une balance assez égale entre tous les styles dans cet album.
S’il y a un album que tu placerais au-dessus des autres, un qui t'émeut particulièrement ?
Je dirais que le troisième, « Killing Technology », je l'aime particulièrement parce qu'il y a eu des événements à l'époque comme l'explosion à Tchernobyl, l'explosion de Challenger aussi, le projet Star Wars de Reagan avec les satellites, les lasers. A cause de tous ces événements là, on a fait un album un peu plus politisé puis un peu plus hardcore, tout en faisant des expérimentations, c'est un album que j'aime beaucoup.

Vous êtes passé par pas mal de labels durant votre carrière (Century Media, Metal Blade, Noise/Combat...), ce nouvel album sort quant à lui chez Nuclear Blast, pourquoi avoir opté pour ce label ?
En fait c'est notre management qui nous a fait une liste des labels que nous devions contacter, ensuite, je lui ai donné mes préférences. En fait, le premier qui nous a contacté est The End Records pour couvrir les Etats-Unis, ensuite Nuclear Blast nous a contacté ainsi que plusieurs autres compagnies, mais on trouvait que l'on allait mieux avec Nuclear Blast, puis une autre pour l'Asie et l'Australie, c'est JDC . Il s’agit de trois labels différents pour le monde, ces trois labels sont vraiment importants, donc on se sent bien.

As-tu le sentiment que le fait d’avoir Jason Newsted (ex-Metallica) dans le groupe ait redonné un coup de pouce à la carrière du groupe au niveau de l’exposition médiatique par exemple ?
Oui, c'est sûr, quand Jason s'est joint au groupe en 2001, on a un peu retrouvé l'intérêt que l'on avait eu quand on était chez MCA au début des années 90. Donc il y a eu beaucoup d'attention portée sur le groupe, ça nous a permit de faire des tournées. Ca nous ramène un peu au temps de l'album « Nothing Space » où on tournait avec Rush.
Tu as collaboré avec Necro sur le titre éponyme de son album “The Pre-Fix For Death”. Comment es-tu arrivé à collaborer avec un personnage aussi éloigné artistiquement ?
La rencontre s'est faite par le frère de Necro, Ill Bill qui est dans « Non-Phixion », et j'ai beaucoup de respect pour « Non-Phixion ». Quand Necro m'a contacté, j'ai un peu hésité, car c'est très controversé. J'aime beaucoup la façon qu'il a d 'écrire, la maladie sociale, comment la société fonctionne, j'aime beaucoup comment il décrit ça. Mais le hip-hop en général a une tendance misogyne que je ne suis pas capable d'endurer. Donc j'étais un peu torturé à l'idée de collaborer avec ce genre de personnage là, mais comme je disais, j'aime beaucoup sa façon de décrire comment la planète fonctionne mal socialement, j'ai donc fini par accepter. Mais je ne suis pas en accord avec le côté sexiste du monde entier.

Mais tu ne regrettes pas ta participation à ce projet ?
Non, parce que je vais te dire, c'est bon pour moi, il faut que je fasse des contrats, car je gagne ma vie avec Voïvod, mais il faut que je fasse des contrats de créations pour vraiment y arriver. Mais imagines que c'est difficile pour moi d'être d'accord à 100% avec chaque compos mais j'ai été obligé d’en laissé passer, en même temps je ne pourrai pas promouvoir ce côté là, misogyne, la violence envers les femmes, j'ai vraiment été torturé, la décision m'a prit beaucoup de temps.

Vous avez sorti le premier DVD de votre carrière, "DVOD-1", qui est aussi le 1er volet d’une trilogie ("DVOD-1", "DVOD-2", "DVOD-3"). Peux-tu nous parler un peu plus du contenu et du concept de ces 3 DVD ?
Le but est de couvrir les trois périodes de Voïvod, les années 80, les années 90 et les années 2000, la formation originale, ensuite le trio avec Eric Forrest en 90, puis la formation avec Jason. Le premier a été très long à compiler, car ce fut difficile pour moi de récupérer les bandes, car la majorité avait été mal entreposées puis endommagées, non seulement le fond sonore, mais aussi le visuel. Ca m'a pris trois ans pour avoir des versions potables de chaque dates, j'ai finalement récupéré tout ce qui était exploitable professionnellement pour le premier. Là je suis entrain de compiler le deuxième, il y aura le concert du Dynamo en 93, des vidéos, des concerts de Montréal. Jason a beaucoup archivé de sessions studios filmés, et la tournée américaine avec Sepultura en 2003, et le Ozzfest qui a aussi été filmé par deux ou trois caméras, ça aussi c'est en chantier, le dvd 2 devrait être fini fin 2006, et le troisième pour 2007.

Les projets du groupe, un autre album pour 2007 ?
Oui, 13 autres chansons, qui ont été enregistrées par Piggy, ont été composées à quatre par contre, pour les concerts, on commence à y penser.

Vous allez défendre l'album sur scène en Europe ?
On pense organiser quelque chose en novembre, un concert hommage à Piggy, qui serait filmé, que l'on pourrait sortir en dvd, avec des guitaristes qui aimaient Piggy, et des guitaristes que Piggy aimait, comme Alex Lifeson de Rush, Dave Grohl de Foo Fighters, donc on pense faire ça en novembre. Peut-être en 2007, un concert pour promouvoir les albums, un concert, avec... le nom qui revient le plus souvent est Andréas de Sepultura, lui voudrait le faire, donc il y a une possibilité, mais c'est difficile pour nous d'envisager une tournée sans Piggy maintenant, on peut pas vraiment y penser pour le moment c'est trop frais, mais ça peut arriver.


Questionnaire de Pivot :

Quel est ton mot préféré? Sexe
Quel mot détestes-tu ? La haine
Qu’est ce qui te rend créatif ?
L'avant garde en général, voir des films ou des bandes dessinées d'avant garde.
Qu’est ce qui te rend spirituel ?
Probablement de voir des gens qui font des sacrifices pour améliorer le sort de la planète.
Qu’est ce qui t'émeut ? Tous les films ou documentaires qui ont un rapport aux évènements du Rwanda en 1994, ça me touche beaucoup, car c'est les pires images que j'ai vues à la télé de toute ma vie.
Qu’est ce qui t’énerve? l'intolérance
Ton injure préférée? Probablement « Tabernacle », c'est très commun au Québec.
Le bruit ou le son que tu aimes? Le son des voitures hybrides.
Le bruit ou le son que tu détestes? Le son des SUV, les Hummer, les grosses voitures inutiles.
Quelle personne t’a le plus influencé dans ta vie? Ca pourrait être Philippe Druillet, c'est un artiste (dessinateur) dans le magazine Métal Hurlant dans les années 70.
Quel était ton héros quand tu étais jeune ?
Probablement Jello Biaffra des Dead Kennedys, qui est devenu un grand ami à moi d'ailleurs.
Quel est ton livre Préféré ? Dracula
Quelle profession aurais-tu voulu faire? J'aurais aimé être physicien Nucléaire, mais j'ai abandonné car la majorité des physiciens font les armes.
Quelle profession n’aurais-tu pas voulu faire? Fabriquant d'armes.
Quel est ton lieu préféré sur terre? Prague.
Le lieu que tu détestes? Malheureusement les Etats-Unis en ce moment.
Si Dieu existe, que voudrais-tu qu’il te dise à ton arrivée au paradis ?
J'ai un petit problème avec la religion. J'ai un vieux problème avec la religion depuis que j'ai entendu qu'ils brûlaient des sorcières, j'ai fait un black-out. Qu'est-ce que je voudrais qu'il me dise... « Retournes en enfer ! »... je sais pas du tout !?

Interview Caroline / Manu, O.S.
Transcription O.S.



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