Quand, pourquoi et comment t'es-tu lancée
dans le piercing?
On peut dire que ça remonte à très très
vieux. A l'age de 11-12ans, je commençais déjà
à être bien intéressée par le piercing. J'ai
commencé à me faire percer, en en parlant pas très
fièrement aujourd'hui, au pistolet, partout où je pouvais.
A 13-14ans, j'ai rencontré des perceurs qui ont commencé
à travailler sur mon visage. A 16ans, je crois que j'avais déjà
15piercing sur le visage. J'ai ensuite commencé à me faire
tatouer et j'ai rencontré Nicko, mon tatoueur de Villefranche-sur-Saône,
à qui j'ai commencé à raconter mes histoires en
disant que pour moi le piercing était tellement beau que c'était
impossible d'en faire son métier. Il m'a répondu que si,
et que dans son salon il y avait un perceur qui faisait des formations.
A partir de ce moment là, j'ai cherché à savoir
qui était ce perceur. Je me suis renseignée à droite
et à gauche en ayant des réponses un peu négatives.
Je me suis accrochée avec un monsieur qui m'a anvoyé paître
pendant 2ans en me disant qu'il ne voulait plus former personne. Je
pense lui avoir montré mes capacités en m'étant
acheté du matériel pour commencer à me percer toute
seule, et en lui montrant ma motivation. Petit à petit nous nous
sommes fait confiance. Il m'a accordé une formation, du travail.
Aujourd'hui, je travaille toujours avec lui ! C'est Bruno de Body Piercing
International.
Considères-tu
que dans le piercing, c'est comme dans le tattoo, on peut admirer certains
perceurs ?
Oui ! J'admire les perceurs qui " mangent piercing ", qui
" chient piercing " et qui ne voient que piercing. J'admire
les perceurs passionnés c'est-à-dire que rien ne les arrête
par rapport à leur travail, ce qui est de plus en plus rare aujourd'hui.
Quelque
chose qui a pu te marquer ?
Tout m'a marqué : le Portugal, Albertville, Roanne, Villefranche.
Chaque étape est importante. J'ai fait plusieurs boutiques. Dès
le début j'ai été plongée dans le travail
à donf en suivant Bruno, ce qui m'a permis de voyager. Et même
encore aujourd'hui, tout ce que je fais n'est qu'étape.
Considères-tu
ce que tu fais comme un art ou comme un métier ?
Comme un art car quand j'ai commencé ça n'était
pas un métier ce que je faisais et je ne me rendais pas compte
que ça pouvait le devenir. Même encore aujourd'hui je n'ai
pas l'impression de travailler car j'ai plaisir à le faire. Pour
moi, c'est une passion de laquelle je vis.
On
a tous pu remarquer que le piercing a connu un boom ces dernières
années. Comment vois-tu cette pratique dans quelques années
?
Commercial ! Le piercing est devenu un commerce alors qu'avant ça
ne l'était pas. A l'époque, il y avait un énorme
respect envers le perceur. Aujourd'hui, les gens ne cherchent plus à
comprendre ce qu'on essaie de leur faire passer, nous, en tant que passionné.
C'est devenu " Mac Donalds ". Moi dans ma tête ça
ne sera jamais ça. C'est pour ça que ça à
beau être un gros boom, j'en rigole.
A
l'heure actuelle, qu'est ce que tu préfères dans le piercing
? Qu'est ce qui t'ennui ?
On va commencer par ce qui m'ennuie : c'est l'évolution trop
brusque. Avant le piercing était marginalisé. Quelqu'un
qui allait se faire percer, c'était quelqu'un qui se démarquait
de tout : l'acte en lui-même, le trou. Aujourd'hui la personne
arrivera à se démarquer par rapport au choix du bijou.
Mais ça n'est plus pareil. Il n'y a plus cette excitation à
part quand c'est dans l'extrême. J'aimais bien cet aspect un peu
de " chose interdite ". Maintenant c'est donné à
tout le monde, c'est devenu complètement esthétique. Il
n'y a plus d'extravagance.
Il
y a-t-il des piercings que tu refuses ?
Ceux qui sont dangereux ; qui ne tiennent pas. Je ne suis pas là
pour prendre le fric aux gens. Je fais du piercing que je suis de A
à Z donc pas du piercing que je ne saurais pas soigner. Je fais
certains surface sur des amis consciencieux qui le désirent vraiment,
sachant qu'on peut les maîtriser, et encore ! Le piercing n'est
pas une science exacte.
Que
penses-tu des " formations expresses " ?
Pour moi, le piercing c'est dans la peau. On ne décide pas d'être
perceur comme ça, un matin en se réveillant. Le piercing
c'est une formation et un travail sur le long terme.
Le
mot de la fin ?
Il faut arrêter de croire que le métier de perceur est
100% rock'n'roll. Le travail, j'y suis du matin au soir. J'espère
que le message que j'arrive à faire circuler dans une petite
ville va passer pour marquer la différence entre passionné
et businessman. Ce que j'essai de faire tous les jours. C'est pour ça
que j'admire les passionnés par rapport à ceux qui vont
rentrer le soir et dire " Ouf !J'ai fini ma journée !).
Interview
Anne (Arkam Team)
Traduction Anne
Crazy
Gang Tattoo
04 77 70 77 87
17 r Bourgneuf 42300 Roanne
http://www.crazygangonline.fr/
Vous pouvez également retrouver cette interview dans le numéro
6 d'Alternative
Viscérale.
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