Sepultura Interview
Cette interview a été réalisé à Lyon le 19 Juin 2003.
Manu et OS ont rencontré Derrick le chanteur.

Que peux-tu nous dire concernant cette nouvelle tournée Européenne? Vous étiez à Ris-Orangis et Lille, comment était les shows ?
Ils étaient vraiment bons ! On a commencé en Angleterre, on est allé en Irlande, et les shows étaient vraiment excellents là-bas. Partout où l'on a joué, l'énergie et les gens étaient incroyables, ça nous a vraiment poussé. C'est donc vraiment cool de jouer en France, il y a toujours de bonnes réactions.

A propos de "Roorback", il sonne très "urbain" avec des influences hardcore, comme s'il sortait tout droit des rues de New-York. Ce sont tes influences hardcore qui surgissent ?
Définitivement et plus particulièrement sur cet album, je me suis senti beaucoup plus à l'aise que sur n'importe quel disque, et tout le monde poussait les autres pour en faire plus à chaque fois que l'on était en phase d'écriture. C'était du genre : " Vas-y ! Balances des idées ! ", prendre la gratte et apporter des riffs basiques, très directs. On a travaillé dans cette voie et c'est devenu plus direct, plus hardcore et aggressif. Cela est aussi dû au fait que beaucoup de choses se passaient à cette époque, nous n'avions pas de maison de disque, on avait quitté notre management... Il y avait donc beaucoup d'aggressivité, c'était juste après le 11 septembre, les élections au Brésil, la situation était assez violente, cela s'est donc ressenti dans les paroles et dans la puissance de la musique. Et vivre à Sao Paulo, qui est une grande ville, la 4ème ville du monde, est assez chaotique. Cela m'a définitivement inspiré dans l'écriture des textes. Nous avions l'envie de faire différement que sur le précédent album, " Nation ", pas d'invité sauf un, les chansons sont plus courtes et directes.

"Roorback" est le 10ème album de Sepultura depuis "Morbid Visions", et selon toi quelle est l'évolution la plus importante sur ce dernier?
Garder le même son dès le local de répèt, jusqu'à l'enregistrement. D'habitude lorsque l'on fait ça en répèt, on fini par changer des trucs en studio, beaucoup de choses. On a vraiment capté le son en répèt, c'était assez puissant pour que l'on ait pas à changer quoi que se soit. C'était pour moi la plus grande différence sur les albums auxquels j'ai pris part. De la démo à la version finale, ça sonne assez similaire. Nous n'avions pas fait cela par le passé, on changait pas mal de trucs en studio avec de nouvelles idées, mais cette fois, c'était direct !

Es-tu satisfait du résultat après avoir joué ces chansons live? Y'a t-il quelque chose que tu souhaiterais changer ?
Les chansons de " Roorback " sont incroyables parcequ'elles se marient à merveille avec les plus vieilles. On savait qu'il y allait avoir cette réaction en les jouant, les gens sont dedans immédiatement, plus que pour celles de " Nation " ou d' " Against ". Toutes les chansons que l'on a joué de " Roorback " semblent être aimées, on test toujours quelques chansons et elles sont toutes très bonnes. On est très heureux du résultat. Et je pense que ça va allé de mieux en mieux, parceque l'album sort juste.

A propos de "Under A Pale Grey Sky", qui présente le dernier concert de Max. Etait-ce le choix de Sepultura de le sortir ou une idée de Roadrunner ?
C'était définitivement une idée 100% Roadrunner, nous ne voulions pas qu'il sorte, mais ils voulaient simplement faire de l'argent (Rires). Même s'il est vieux, pour nous c'était ridicul et je sais que les autres gars sont un peu énervé car il ne s'agissait pas de leur meilleur concert de la tournée " Roots ". Ils n'ont pas eu leur mot à dire concernant l'artwork, et les gens qu'ils l'ont sorti n'ont rien à voir avec Sepultura, il était co-produit par quelqu'un que personne ne connaît.
Cela montre simplement le comportement des gros labels, des majors, ils n'ont pas de nouvelles idées et veulent faire de l'argent, vous voyez, les rééditions de ceci, de cela, simplement parcequ'ils n'ont aucune imagination et ils ont oublié de quoi il s'agissait. Les labels indé arrivent et sucitent l'intérêt des gens. Les gens achètent de plus en plus sur les labels indé simplement parcequ'ils ont une meilleure qualité question musique. C'est un fait ! Donc pour nous, quitter Roadrunner pour un label qui semble plus petit était la meilleure chose que nous puissions faire. Premièrement, on a controle total et secondement, ces gens n'ont aucun rapport avec le passé de Sepultura. Ils voyent simplement le passé, ils croient en nous. Ils voulaient nous signer car ils souhaitaient que nous continuions à sortir de bons disques. C'est ce dont nous avions besoin, il y avait une collaboration bien trop longue avec Roadrunner, et le simple fait qu'ils aient sorti ce truc était une raison de plus pour les quitter. Nous devions faire un autre album pour Roadrunner, nous avions la possibilité de le faire, soit de partir. On a décidé de partir. Quel est l'intérêt de faire un autre album s'ils ne le bosse pas correctement ? Nous sommes aujourd'hui dans une bien meilleure posture, les choses se passent bien mieux.

J'ai lu que c'était Max qui avait choisi le nom "Under A Pale Grey Sky", c'est curieux de voir que lui ait eu son mot à dire alors qu'il ne fait plus parti du groupe, et que Sepultura n'a rien pu dire...
Je ne sais pas, peut-être qu'il la fait... Ce que je sais, c'est que nous, en tant que groupe, nous ne pouvions dire quoi que se soit. Ils ont donné une copie a chacun des membres sauf à moi, je n'en ai pas reçu. C'est la vérité ! C'était du genre " Le voilà, on va le sortir, peu importe ce que vous dites ! ". Peut-être ont-ils parlé à Max vu qu'il est toujours chez Roadrunner, donc peut-être que c'est arrivé. Mais pas de problèmes ; ils peuvent faire ce qu'ils veulent, on est plus heureux de pouvoir enfin faire ce que nous voulons faire, être capable de nous représenter nous-même. Et j'ai vraiment envie de travailler avec SPV. C'est un label différent et c'est mieux de travailler avec de nouvelles personnes, de nouvelles idées. Et jusque là, tout va bien !

A propos du Brésil, quelles ont été les changements significatifs depuis l'élection de Lula en tant que Président et la nomination de son gouvernement ?
Il est actuellement difficle d'avoir un programme massif, il n'y a pas eu de changements radicaux, ce n'est pas possible au Brésil, cela causerait beaucoup de confusion, mais c'est bien parceque les gens ont d'énormes attentes et d'espoirs pour l'avenir. Une autre excellente idée est l'utilisation de la musique en politique pour des campagnes sérieuses contre la faim ou le sida. Ils ont demandé à Sepultura d'utiliser sa musique pour des choses importantes, ils ouvrent leurs esprits et utilisent différents moyens de communication avec les gens. C'est pour le moment bien mais ils ont besoin de plus de temps vu qu'ils qu'ils ne sont en place que depuis janvier dernier.

Que penses-tu de la scène Européenne, peux-tu nous citer des noms de groupes, peut-être même des français ?
Hahaha c'est difficile car les choses changent rapidement. On a passé énormément de temps à Sao Paolo et beaucoup de trucs venant d'Europe n'arrivent pas au Brésil. Avant d'être dans Sepultura j'étais dans un groupe de hardcore et je suis venu ici en 1993 et la scène hardcore était plutôt grosse, avec beaucoup de shows, il y avait une scène et je pense que cela revient. On a joué dans des touts petits endroits surchauffés, où ça transpirait, sans barrières et c'était génial. L'énergie, les réactions, la proche interaction sont plus importants que pour les gros shows. On ressent cela en Europe. Les gens semblent vouloir cela énormément, plutôt qu'un flash, un gros show, un festival sur lequel tu vois 20 groupes et c'est tout. J'aime toujours tourner ici, c'est toujours l'un de mes endroits préféré de tournée. Si tout va bien nous serons de retour aussi souvent que nous recevrons d'aussi bonnes réactions, comme cette fois-ci où c'était vraiment très bon.


Interview Tattoo de Derrick



Interview Manu & O.S.
Traduction Manu



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